La lutte s'organise face aux tonnes de médicaments gaspillés chaque année
Près de 4700 tonnes de médicaments non consommés ont été récupérés et détruits en 2017 en Suisse. Face à ce gaspillage, une motion a été adoptée au Parlement pour tester la vente d'antibiotiques à l'unité.
Des boîtes de médicaments à peine entamées mais déjà périmées. Régulièrement, les consommateurs suisses se retrouvent à ramener à la pharmacie des antibiotiques ou autres pilules qui n'ont pas été entièrement utilisés.
En 2017, 4692 tonnes de médicaments ont été incinérés après avoir été rapportés, selon les chiffres de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV).
Parmi les patients les plus concernés par ce gaspillage figurent les malades chroniques. Par exemple ceux qui souffrent d'un taux de cholestérol trop élevé ou d'hypertension, mais qui ne se sentent pas mal au quotidien et ne suivent pas correctement la prescription de leur médecin. Un patient chronique sur deux n'adhère pas à son traitement, a estimé l'Organisation mondiale de la santé (OMS) par le passé.
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L'industrie pharmaceutique pointée du doigt
Les patients distraits sont-ils les seuls responsables de ce gaspillage? La Fédération romande des consommateurs (FRC) pointe également du doigt la taille des boîtes de médicaments.
"L'industrie pharmaceutique pourrait assumer un certain nombre de responsabilités en adaptant le dosage", estime dans le 19h30 Yannis Papadaniel, responsable santé à la FRC. "Il faut savoir que ces dosages sont déjà adaptés à des formats de traitements. Mais dans certains cas de figure, pour certaines prescriptions, on reçoit davantage de pilules que ce qui est nécessaire."
Une phase de test de vente à l'unité
Du côté du Parlement, une motion portant spécifiquement sur les antibiotiques a été adoptée en septembre dernier. Déposé par le conseiller national Manuel Tornare (PS/GE), le texte invite le gouvernement à mettre en place une phase de test de vente à l'unité des antibiotiques.
"Il faut trouver des solutions pour faire baisser les coûts de la santé", rappelle l'élu socialiste. "Et c'est une mesure qui est appliquée dans de nombreux pays avec succès."
En France, une étude récente sur la vente à l'unité de 14 antibiotiques a montré que, dans plus de la moitié des cas, la dose prescrite ne coïncidait pas avec le conditionnement initial, a relevé le Conseil fédéral en soutien à la motion. La vente à l'unité y a permis de réduire le nombre de pilules délivrées de 10%. Elle a également abouti à un meilleur suivi du traitement, ont indiqué les chercheurs.
L'exécutif voit dans cette étude pilote une manière de lutter contre le gaspillage, mais également contre la résistance aux antibiotiques. Un précédent postulat, déposé en 2013 par Manuel Tornare et concernant tous les médicaments, s'était par contre heurté à l'opposition du Conseil fédéral. Celui-ci avait alors mis en avant le risque de mauvaise conservation des comprimés, de confusion et de coûts supplémentaires pour les médecins et pharmaciens.
Reportage: Anne-Cathia Marchon
Adaptation web: Tamara Muncanovic
>> Revoir l'éclairage de Cynthia Gani dans le 19h30 :
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