La législation actuelle autorise déjà les diffuseurs locaux à
passer de la pub pour le vin et la bière.
Publicité religieuse et politique interdite
Face aux pressions de l'Union européenne (UE), la Suisse ne
pourra donc pas utiliser la protection de la jeunesse et de la
santé comme argument pour maintenir l'interdiction frappant la SSR,
se justifie le gouvernement. Et d'affirmer que la libéralisation
proposée ne devrait guère avoir d'influence sur la
consommation.
Les réclames religieuses et politiques, ainsi que celles pour les
spiritueux et les alcopops resteraient pour leur part prohibées. Le
Conseil fédéral a été contraint de renégocier avec Bruxelles, car
le Parlement n'a pas du tout goûté les concessions faites en marge
de l'accord MEDIA.
La Suisse aurait dû appliquer dès novembre 2009 la directive
européenne "Télévision sans frontière". Ce texte soumet les
fenêtres publicitaires spéciales diffusées en Suisse par les
chaînes étrangères uniquement à la législation de leur pays
d'origine.
En clair: la réclame politique ou religieuse ou la pub pour
l'alcool auraient pu faire leur apparition sur M6 ou SAT 1 sans que
Berne n'ait son mot à dire. Pour assurer une égalité de traitement
aux chaînes suisses, il aurait aussi fallu autoriser ces dernières
à diffuser elles aussi de tels écrans publicitaires.
Même réglementation que l'Union européenne
La solution finalement trouvée avec les 27 permettra à la Suisse
de bénéficier de la même réglementation que celle prévue pour les
Etats membres de l'UE. Elle pourra ainsi faire valoir des
prescriptions publicitaires strictes à la condition qu'elles soient
proportionnées, non discriminatoires et dans l'intérêt
public.
Hors des rangs de l'UDC, la participation suisse à MEDIA n'a quant
à elle jamais été remise en cause. Ce programme dispose d'un budget
de 755 millions d'euros (1,245 milliard de francs) pour la période
2007-2013. La Suisse verse quelque 10 millions de francs par
an.
MEDIA vise à promouvoir le développement, la distribution
internationale et la commercialisation des films ainsi que des
programmes de formation et de perfectionnement pour les cinéastes.
Près de la moitié des films européens projetés en salles reçoivent
un coup de pouce. Les cinéastes suisses bénéficient des mêmes
mesures de promotion que leurs collègues de l'UE depuis 2004.
Les diffuseurs sont contents
Du côté des télévisions, publiques
et privées, c'est l'union sacrée contre les fenêtres publicitaires
des chaînes étrangères. Sans le nouveau projet négocié avec l'UE,
la publicité pour l'alcool aurait pu débarquer sur des chaînes
comme M6 ou SAT 1, sans que Berne ait eu son mot à dire.
Avec le risque de voir filer une substantielle part du gâteau
publicitaire. La SSR salue donc le fait que le Conseil fédéral
veuille donner les mêmes cartes aux diffuseurs suisses et
étrangers, réagit son porte-parole Daniel Steiner.
Même son de cloche du côté du Groupement des télévisions
régionales romandes. Celui-ci soutient "toute mesure qui peut nous
aider à avoir plus de moyens sur le plan suisse", selon son
président Pierre-André Léchot.
ats/mej
La mesure fait des mécontents
La proposition d'autoriser toutes les TV suisses, y compris la SSR, de diffuser de la pub pour la bière et le vin fait mousser les milieux de la prévention.
Pour le PDC, cette concession pour rester dans le programme européen de promotion du cinéma (MEDIA) va trop loin.
Le Conseil fédéral n'a pas de "ligne cohérente" sur le tabac et l'alcool, estime le secrétaire général du PDC, Reto Nause: le même jour, le gouvernement ouvre les vannes de la publicité pour l'alcool et relève le prix du paquet de cigarettes, s'étonne-t-il.
La loi sur la radio et la télévision vient d'être révisée, rappelle-t-il.
Après des débats nourris, le Parlement avait décidé de s'en tenir à l'interdiction de la publicité pour l'alcool sur les chaînes publiques, observe-t-il.
L'UDC est aussi pour maintenir la SSR au régime sec, indique son porte-parole Alain Hauert.
A l'Institut suisse de prévention de l'alcoolisme et autres toxicomanies (ISPA), son directeur Michel Graf s'étonne de l'argument du gouvernement, selon lequel la publicité pour la bière et le vin ne devrait guère avoir d'influence.
Si c'était le cas, faute d'intérêt économique, elle aurait disparu depuis longtemps, relève-t-il.
Conscient des enjeux financiers du programme MEDIA pour la culture, Michel Graf demande des garde-fous.
Pour protéger la jeunesse, l'ISPA demande de n'autoriser la diffusion de spots pour le vin et la bière qu'à partir de 21h00.
Autre voeu: que la branche respecte un code de conduite pour éviter des dérives dans les images montrées.