"Crans-Montana est une société de remontées mécaniques qui a des problèmes de longue date et qui traîne des boulets. Elle a perdu à peu près la moitié de sa fréquentation en vingt ans. Elle a des tas de problèmes qui ne peuvent pas simplement être résolus par le Magic Pass", estime l'expert suisse jeudi dans La Matinale de la RTS.
La station valaisanne n’est pas satisfaite de l’abonnement commun à trente domaines skiables romands, estimant que cela met en danger la viabilité financière de la société des remontées mécaniques de Crans-Montana-Aminona (CMA). Elle veut une modification de l’offre, faute de quoi elle partira avant la fin de son contrat.
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"Pas une mauvaise opération"
"On ne peut pas dire que le Magic Pass est une mauvaise opération", assure pourtant Laurent Vanat. Selon lui, l'abonnement lancé en avril 2017 a permis aux stations partenaires de connaître des hausses du nombre de visiteurs trois fois plus importantes que les autres domaines skiables suisses l'année passée.
"La saison dernière, les journées-skieur en Suisse ont augmenté de 10% en moyenne. Dans les stations du Magic Pass, elles ont augmenté de 30%. De plus, le chiffre d'affaires des sociétés de remontées mécaniques du pays a augmenté de 7% en moyenne en 2018 et de 21% dans les stations comprises dans l'abonnement", souligne le consultant.
Une tendance mondiale
D'après Laurent Vanat, la deuxième année du Magic Pass est très bien partie. "Au niveau mondial, c'est quelque chose qui se répand. Jusqu'à présent, on était très individualiste, chaque station avait son forfait. C'est une tendance, les clients ne veulent pas forcément se lier toute une saison avec une seule station", déclare-t-il.
Le domaine de Crans-Montana est le plus important de l'offre du Magic Pass. Si la station valaisanne choisit de quitter le navire au terme de la présente saison d’hiver, des compensations financières pourraient lui être réclamées pour rupture de son engagement contractuel, soit jusqu'en janvier 2020.
Propos recueillis par Romaine Morard/gma
Investisseurs étrangers
Laurent Vanat affirme que la situation est "délicate" pour les sociétés de remontées mécaniques. "Les coûts d'exploitation des domaines skiables ont beaucoup augmenté ces dernières années. Les revenus ne couvrent plus les dépenses", révèle-t-il.
Pour Dominique Fumeaux, responsable de la Filière Tourisme de la HES-SO Valais, certaines stations de ski dépendent par conséquent d'investisseurs étrangers, avec une injection rapide de capitaux, "c'est une particularité de fonds d'investissement ou de personnalités avec une très forte capacité d'investissement". Dominique Fumeaux explique que ce genre de profils est peu présent en Suisse et est surtout le fait d'investisseurs étrangers, qui "osent prendre le risque".
Le spécialiste estime que plus les investissements sont urgents, plus le risque de dépendance est fort. Il souligne par contre que certaines stations réussissent ce pari-là. Et de citer l'exemple de Verbier, où les investisseurs sont impliqués dans le tissu économique local depuis plus longtemps et font des affaires dans la région ou en Suisse.