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Centrales nucléaires: la pression monte

Le groupe Atel veut construire une nouvelle centrale à Soleure.
La centrale de Beznau fera l'objet d'âpres négociations.
Après Atel pour Gösgen (SO), Axpo et les Forces motrices bernoises (FMB) ont déposé jeudi deux demandes d'autorisation auprès de l'Office fédéral de l'énergie pour le remplacement des centrales nucléaires de Beznau (AG) et de Mühleberg (BE).

Pour les deux sociétés d'électricité, il en va de la sécurité
d'approvisionnement de la Suisse et de l'objectif est de faire face
à la pénurie d'électricité qui s'annonce dès 2020 en Suisse, ont
expliqué jeudi les deux groupes. A cette date, les centrales
nucléaires de Mühleberg et de Beznau I et II parviendront en effet
à la fin de leur cycle de vie et seront les premières à devoir être
déconnectées.

Les contrats de prélèvement d'électricité avec la France
arriveront en outre progressivement à échéance. La consommation
d'électricité allant continuer d'augmenter de 0,5% à 2% par an en
Suisse, on estime que 30 Terawattheures (TWh) vont manquer d'ici à
2035, soit au moins un tiers de la future consommation, si aucune
mesure n'est prise, a souligné le directeur d'Axpo Heinz
Karrer.

Le peuple tranchera

Pour les FMB et Axpo, il est indispensable de poursuivre sur la
voie du nucléaire pour garantir la sécurité d'approvisionnement la
Suisse, car les mesures d'efficacité énergétique et les nouvelles
énergies ne suffiront pas dans un futur proche. La construction des
deux centrales de remplacement est prévue sur les sites actuels de
Beznau et de Mühleberg, pour une mise en service après 2020.



Les demandes d'autorisation générale déposées ne sont en effet que
le premier pas d'un long processus. Le Conseil fédéral et le
Parlement devront se prononcer et, leur décision étant sujette au
référendum, une votation populaire devrait vraisemblablement avoir
lieu, en 2012 ou en 2013 - le PS et les Verts ont d'ores et déjà annoncé leur opposition
à ces projets (lire ci-contre).



Les nouvelles centrales prévues par Axpo et les FMB devraient être
d'une puissance approximative de 1600 Mégawatt (MW) chacune. Le
type des réacteurs n'a pas encore été déterminé, mais ces derniers
seront de la dernière génération.

Investissements de 14 milliards

Les centrales devraient en outre être dotées de tours de
refroidissement hybrides modernes, moins efficaces que celles à
tirage naturel, mais trois fois plus petites et sans impact sur la
température des fleuves. Les investissements sont estimés entre six
et sept milliards de francs par installation, selon Heinz
Karrer.



Avec la demande déposée en juin dernier par Atel pour Gösgen (GO),
trois projets de nouvelles centrales nucléaires sont donc à l'étude
en Suisse. Sur la base des connaissances actuelles, deux
suffiraient toutefois à combler les lacunes d'approvisionnement dès
2020. Des discussions sont en cours avec Atel, a déclaré Heinz
Karrer, qui s'est dit convaincu de "pouvoir trouver une solution
acceptable pour toutes les parties".



agences/ps

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PS et écolos montent aux barricades

Dès l'annonce jeudi par Axpo et FMB, les opposants sont montés aux barricades. Le PS et les Verts en particulier annoncent un référendum.

Pour le Parti socialiste, il s'agit de «projets du siècle dernier».

Le PS «résistera par tous les moyens démocratiques à sa disposition contre toute nouvelle installation».

Il relève en outre que les «barons de l'atome» ne sont pas parvenus à s'entendre, ni à coordonner leurs projets.

La technologie atomique est dépassée, chère, dangereuse et pénalise les générations futures en leur laissant le problème des déchets, conclut le PS.

Le groupe parlementaire des Verts a pour sa part organisé en fin de matinée une action de protestation sur la Place Fédérale. Au besoin, le parti écologiste lancera un référendum avec l'Alliance non au nucléaire, a-t-il indiqué. Il prône le développement des énergies renouvelables et l'efficacité énergétique.

Dans le même ordre d'idée, Ecologie libérale attire l'attention sur le fait que le prix de l'uranium a été multiplié par dix depuis 2007 et qu'une pénurie se profile entre 2015 et 2025. Dans un tel contexte, la construction de nouvelles centrales est absurde, écrit la présidente du parti Isabelle Chevalley. Le coût du kilowattheure nucléaire est en outre beaucoup plus élevé qu'annoncé.

Greenpeace a annoncé son intention de combattre ces projets par voie de recours aux côtés des populations locales concernées.