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Ueli Maurer succède à Samuel Schmid

Ueli Maurer sera un ministre très surveillé par le Parlement.
Ueli Maurer a prêté serment quelques minutes après son élection.
Ueli Maurer a été élu de justesse au Conseil fédéral. Au 3e tour de scrutin, il a devancé d'un suffrage son collègue de parti Hansjörg Walter, soutenu par le centre-gauche. Le Zurichois reprendra le Département de la défense.

En élisant Ueli Maurer, figure haute en couleur de la politique suisse , l'Assemblée a respecté
les voeux de l'UDC. Le centre-gauche a ainsi raté sa tentative de
court-circuiter le «diktat» de l'UDC. Malgré la déclaration de Hansjörg Walter , qui a annoncé avant le début du scrutin qu'il refuserait une éventuelle élection , la moitié de l'Assemblée fédérale a
continué à inscrire son nom sur les bulletins de vote.

La tension a été forte dans les travées du Parlement. Après le
premier tour, les candidatures «alibi» du père spirituel de l'UDC
et ancien conseiller fédéral Christoph Blocher et de «combat» du
conseiller aux Etats Luc Recordon (Verts/VS) ont été retirées. Au
deuxième tour, le patron de l'Union suisse des paysans Hansjörg
Walter a manqué la majorité absolue d'une seule voix. Il a récolté
121 voix contre 119 à Ueli Maurer.

Pression sur Hansjörg Walter

Tous les pontes de l'UDC ont alors entouré le Thurgovien. Les
conciliabules, restés secrets, sont allés bon train, mais les
visages étaient figés. A ce moment-là, Ueli Maurer a bien cru avoir
perdu l'élection, a-t-il déclaré par la suite. Puis il y a eu le
retournement de situation au troisième tour: le Zurichois a obtenu
la majorité absolue de 122 voix. Hansjörg Walter a stagné à 121
voix, tandis qu'un bulletin est resté blanc.



Le 10 décembre 2003, Christoph Blocher avait été élu par 121 voix
au 3e tour. Le score extrêmement serré du nouveau conseiller
fédéral sonne comme un avertissement. Il laisse aussi planer le
doute sur le sort de l'ancien président de l'Union démocratique du
centre lors de la prochaine réélection intégrale du Conseil fédéral
en 2011.

Maurer remercie l'Assemblée

Ueli Maurer est monté
rapidement à la tribune pour accepter son élection et remercier
l'Assemblée fédérale pour la «confiance» exprimée. Sa nomination
constitue un «oui à notre système politique et à la concordance»,
a-t-il dit en français. «Je sais ce qu'on attend de moi», a
poursuivi le successeur de Samuel Schmid.



«Le Parlement m'a donné le mandat de travailler dans la
collégialité; je vais tout mettre en oeuvre pour chercher des
solutions en faveur de notre pays», a-t-il ajouté. La question de
sa capacité à respecter la collégialité a en effet fait couler
beaucoup d'encre et suscité des doutes dans le camp rose-vert, mais
aussi parmi les élus bourgeois.

"Du respect, si ce n'est l'amour fou"

Ma nomination est un
oui à notre système politique et à la concordance

Ueli Maurer

Le nouvel élu pense
qu'il y aura des moments où son parti ne comprendra pas son action
de conseiller fédéral. «J'espère qu'il y aura au moins le respect,
si ce n'est l'amour fou». «Je suis contre l'extension de la libre
circulation des personnes à la Roumanie et à la Bulgarie, je l'ai
toujours dit; mais maintenant, je respecterai la position du
gouvernement». Quant à ses relations avec Eveline Widmer-Schlumpf,
«la collaboration me paraît possible, même si nous ne sommes pas
des amis».



Après ces épisodes hauts en couleur, l'Assemblée fédérale a
procédé aux élections du président et du vice-président de la
Confédération. Hans-Rudolf Merz et Doris Leuthard ont été élus sans histoire.
ats/ps

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Les réactions

L'élection d'Ueli Maurer au Conseil fédéral est un premier pas vers le rétablissement de la concordance, selon Toni Brunner, président de l'UDC. Il revendique désormais un 2e siège au Conseil fédéral, dont le candidat devra aussi être choisi par le parti. «L'UDC est de retour au gouvernement, mais reste sous représentée», a déclaré Toni Brunner.

Christophe Darbellay estime également que l'élection d'Ueli Maurer est un pas vers le retour de la concordance au gouvernement. Le président du PDC a confiance dans la capacité d'Ueli Maurer de composer avec les autres forces politiques.

Le président du PRD Fulvio Pelli se félicite lui aussi du retour à la concordance. «Avec Ueli Maurer, nous pourrons bien travailler», a-t-il ajouté.

Son collègue de parti Dick Marti est moins optimiste: cette élection marque la fin du système électoral qui a fait ses preuves en Suisse, déplore le radical tessinois. «Nous allons vers un système où ce n'est plus l'Assemblée fédérale qui élit un conseiller fédéral, mais la direction d'un parti».

Même constat du président du Parti bourgeois démocratique (PBD) Hans Grunder, qui regrette que ce soit «le groupe UDC et non le Parlement qui ait élu le nouveau conseiller fédéral». C'est une forme de chantage, selon-lui.

Pour Christian Levrat, président du PS, la gauche a délivré aujourd'hui un message à l'UDC qu'elle n'acceptera pas son «diktat». «Je regrette l'élection d'Ueli Maurer», a-t-il déclaré.

Le Parlement a clairement fait un vote de défiance, a renchéri le président des Verts Ueli Leuenberger.

A la tête du DDPS

Ueli Maurer héritera du Département de la défense, de la population et des sports (DDPS), comme l'a décidé le Conseil fédéral peu après l'élection.

Le major est en «froid» avec Samuel Schmid, mais le passage de témoin à la Défense devrait se faire sans problèmes, d'après lui.