Il est loin le temps où Ueli Maurer affirmait, il y a une année
dans un interview à la NZZ, qu'il ne voulait jamais devenir
conseiller fédéral. "Je ne m'en sens pas capable, je ne me sens pas
à l'aise sous cette cloche de verre", expliquait-il alors.
Mais les temps ont changé après une année politique mouvementée,
qui a notamment vu l'UDC être obligée de mettre son leader
charismatique Christoph Blocher en retrait, au profit de son second
Ueli Maurer, que certains ont qualifié de clone. Le Zurichois
a été élu au Conseil fédéral
mercredi.
L'homme des campagnes
Ancien président de l'UDC suisse, Ueli Maurer fait partie de la
ligne dure du parti, connu pour son ton rude et ses provocations.
Le Zurichois apparaît désormais libéré de la tutelle de Christoph
Blocher. Il devra réussir là où son mentor a échoué: passer du
leader d'opposition agressif au magistrat collégial et prêt au
consensus.
Ueli Maurer incarne l'UDC zurichoise la plus classique, la plus
blochérienne: son programme d'opposition, ses combats anti-UE et
anti-étrangers, ses initiatives populaires, ses affiches
provocatrices (celle des moutons noirs est encore dans tous les
esprits) ont beaucoup fait parler d'eux.
Habile à décrocher des petites phrases assassines, réputé pour son
franc-parler un peu rude, il n'y va pas par quatre chemins,
préférant les raccourcis percutants aux longues argumentations
sinueuses. Sans pitié face aux dissidents du parti, il a qualifié
Eveline Widmer-Schlumpf "d'appendice qui doit être éliminée",
Samuel Schmid étant pour lui "un conseiller fédéral cliniquement
mort".
Ouvert au dialogue
Pourtant, bien que garant de la politique
dure et agressive de l'UDC, le redouté leader d'opposition a su se
créer une autre image au Parlement. Celui d'un homme agréable,
ouvert au dialogue et apte à la concordance.
Pour les uns, il reste une copie conforme et une marionnette de
Christoph Blocher, pour les autres, il s'est libéré de cette
tutelle. Un fait est sûr: pendant sa présidence de 1996 à mars
2008, il a mené l'UDC à son zénith, tout en rassemblant le parti
sur la ligne zurichoise, blochérienne. Combattant dévoué, Ueli
Maurer a servi l'UDC de façon inconditionnelle. C'est ce qui
l'amène vraisemblablement à reprendre les rênes de l'UDC zurichoise
en août 2008, quelques mois seulement après avoir quitté la
présidence du parti national.
ats/boi
Un non-universitaire au Parlement depuis 1991
Ueli Maurer est comptable de formation, au bénéfice d'une formation commerciale,
Le Zurichois de 58 ans est un des rares non-universitaires à accéder au Conseil fédéral.
Fils d'agriculteur, il est resté ancré dans le milieu paysan : il a dirigé l'Union des paysans du canton de Zurich préside depuis ce printemps l'Union maraîchère suisse.
Entré au Conseil national en 1991, Ueli Maurer a tenté sans succès d'accéder au gouvernement zurichois cette même année et au Conseil des Etats l'an passé.
En 17 ans au Parlement, l'UDC s'est forgé une place très en vue sous la Coupole, tant dans son propre parti que dans d'autres formations.
Mais ses échecs les plus cuisants sont liés au Conseil fédéral. En 2000, Samuel Schmid est élu à la barbe des candidats officiels de l'UDC. En décembre 2007, Christoph Blocher est évincé du gouvernement.
Ueli Maurer est marié et père de six enfants.
Deux Zurichois, plus de Bernois
Pour la deuxième fois de l'histoire, deux Zurichois siègeront au Conseil fédéral. Berne perd quant à lui un siège qui lui était quasiment toujours assuré depuis 1848. Le gouvernement continue de compter deux Romands contre cinq Alémaniques.
A l'origine, l'Assemblée fédérale ne pouvait pas élire plus d'un conseiller fédéral par canton, afin de protéger les petits cantons de l'hégémonie des grands. Cette disposition a été abrogée en 1999.
Ueli Maurer compris, Zurich a eu 20 conseillers fédéraux. C'est le canton qui en compte le plus devant Vaud (14) et Berne (12).