"L'UDC retrouve donc un ministre dans lequel elle peut se
reconnaître, tout comme ses électeurs d'ailleurs, trop longtemps
exclus des petits jeux politiques 'bernois'", écrit " Le Nouvelliste ". Pour "Le Quotidien jurassien", le
système politique helvétique "retrouve avec le retour d'un agrarien
orthodoxe (...) un certain équilibre".
Même si elle "ne peut se réjouir de l'élection d'Ueli Maurer",
la "Tribune de Genève" estime que son accession au gouvernement
constitue paradoxalement "une bonne nouvelle". "Le premier parti de
Suisse est à nouveau représenté au Conseil fédéral sans ambiguïté".
Et d'ajouter: "les esprits sont apaisés et la stabilité
institutionnelle est retrouvée".
Sous surveillance
" 24 heures " constate que l'UDC a "fini par mettre
au gouvernement son représentant le plus garant de sa ligne
majoritaire". Mais "il sait qu'il sera étroitement surveillé". Plus
brutal, " Le Matin " affirme que les députés "ont réussi à
lui faire peur, c'est un début, il faudra continuer".
"Le Matin" souligne cependant que "réintégrer au gouvernement un
parti qui représente 30% des voix, c'est faire acte de sagesse".
Cependant, "il va falloir aller plus loin (...) assumer les thèmes
soulevés par l'UDC en offrant des alternatives solides, en cessant
la surenchère systématique à droite. La concordance n'est pas un
but, elle est juste un moyen".
Pas d'"ersatz"
Pour " La Liberté ", "du moment que le retour au bercail
gouvernemental du premier parti du pays était admis, il n'était pas
cohérent d'exiger un ersatz de nationaliste-conservateur édulcoré à
l'Assugrine." Cependant, le journal attend désormais qu'Ueli Maurer
troque son costume de bonimenteur sans scrupules contre l'habit
d'un homme d'Etat.
" Le Temps " va dans le même sens. Il
estime qu'avec une voix d'écart, Ueli Maurer "entre au Conseil
fédéral sur un coup de dés, par la petite porte, en étant conscient
qu'il sera surveillé de très près". Mais il a maintenant la chance
de "prouver que l'UDC version blochérienne mérite de participer à
la gestion responsable du pays au quotidien".
Concordance, piège à cons
Ueli Maurer doit
prouver que l'UDC version blochérienne mérite de participer à la
gestion responsable du pays au quotidien
Le
Temps
Il y a cependant des voix discordantes.
Le "Journal du Jura" estime sous le titre "Concordance, piège à
cons" que "Christoph Blocher et Ueli Maurer, c'est bonnet blanc et
blanc bonnet". "Dès lors, il fallait laisser l'UDC là où elle
était, dans une opposition qui lui seyait mal".
L'Impartial et l'Express soulignent eux le "risque que l'on
retrouve à l'envers le tandem infernal que la Suisse a connu entre
2003 et 2007". "Désormais, les rôles seront simplement inversés. Et
l'UDC, qui adore être à la fois au pouvoir et dans l'opposition,
pourra retrouver ses triomphes électoraux".
ats/cab
Echos de la presse alémanique
La presse alémanique estime également qu'Ueli Maurer sera étroitement surveillé ou même "en sursis".
S'il ne convainc pas, le Parlement n'hésitera pas à "l'envoyer dans le désert, comme il l'a fait avec Christoph Blocher", écrit notamment la "Berner Zeitung".
La "Basler Zeitung" attend qu'il prenne au sérieux ses déclarations en faveur de la collégialité et qu'il coupe le lien avec Christoph Blocher.
Pour la "Neue Zürcher Zeitung", Ueli Maurer doit inciter son parti à assumer ses responsabilités gouvernementales plutôt qu'à poursuivre dans la voie des attaques et d'une campagne électorale permanente.
Quant à la "Südostschweiz", elle se tourne déjà vers l'avenir, voyant en Hansjörg Walter le prochain conseiller fédéral de l'UDC.
La presse européenne partagée
Avec l'élection mercredi d'Ueli Maurer au Conseil fédéral, la Suisse a sauvé son système politique, analyse de son côté la presse européenne. Elle se montre toutefois divisée sur le futur rôle du nouveau conseiller fédéral.
La Suisse "est passée à deux doigts d'un tremblement de terre politique", écrit le quotidien allemand "Badische Zeitung". "Tout autre scénario que l'élection d'Ueli Maurer comme ministre de la défense aurait mis le gouvernement dans l'incapacité d'agir", affirme-t-il.
Selon "Die Presse" en Autriche, la Suisse "a sauvé son système politique" et Christoph Blocher "est désormais définitivement éloigné de la politique fédérale".
Christoph Blocher ne sera pas tout à fait sans influence à l'avenir, prévoit pour sa part la "Süddeutsche Zeitung": "en tant que beau parleur, il va continuer à récolter de nombreux applaudissements". "Mais il n'incarne plus le pouvoir au sein de l'UDC", souligne le quotidien.
Cet avis n'est pas partagé par tous: "Si ce n'est pas Christoph Blocher, c'est donc son frère", titre par exemple le quotidien belge "Le Soir".