Un rapport rendu par le Département fédéral de la défense (DDPS)
à la commission de la politique de sécurité (CPS) du Conseil
national en fixe la manière et le délai. But de l'opération:
corriger les failles dans la logistique et l'instruction.
D'après ce document interne, évoqué par la «Basler Zeitung» et
dont l'ATS détient une copie, la Confédération doit investir 150
millions de francs supplémentaires ces prochaines années dans le
fonctionnement de l'armée au lieu de les injecter dans l'armement.
Et dès 2011, certaines prestations seront confiées à des
privés.
33 mesures
Le DDPS entend en outre faire des investissements à hauteur de
250 millions de francs dans l'amélioration de son infrastructure
pour lui permettre d'économiser de l'argent à plus long terme.
L'armée promet par ailleurs de restreindre l'utilisation de
certaines armes et de munitions de gros calibre.
Le rapport prévoit aussi des modifications importantes dans
l'instruction des cadres de milice et dans l'organisation et la
structure des états-majors. En tout, le DDPS a présenté à la
commission 33 mesures et un calendrier pour leur application. Ces
propositions ne comportent toutefois aucune contrainte légale,
souligne le porte-parole du département Martin Bühler.
Délai contraignant
Je ne pars pas de
l'idée qu'Ueli Maurer fera marche arrière.
Bruno Zuppiger (UDC/ZH), président de la commission
de la politique de sécurité
Le président de la
CPS Bruno Zuppiger (UDC/ZH) veut cependant que le futur chef du
DDPS s'exécute et mette en pratique les mesures annoncées. «Je ne
pars pas de l'idée qu'Ueli Maurer fera marche arrière», déclare à
l'ATS le collègue de parti du conseiller fédéral élu. Selon lui, le
ministre UDC accroîtra au contraire la pression afin de résoudre
les problèmes au sein de l'armée.
Pour Bruno Zuppiger, la valeur du rapport du DDPS réside surtout
dans la contrainte du délai d'application. Celle-ci permet à la
commission de mieux exercer son mandat de contrôle. Ueli Maurer
devra expliquer lors de la prochaine séance de la CPS quelle suite
il entend donner au document rédigé sous la direction de son
prédécesseur.
Le rapport du DDPS complète une analyse demandée au département
par la commission sur la mise en application de la réforme Armée
XXI. Le texte confirme en partie ce qu'Ueli Maurer avait affirmé
avant son élection au gouvernement: l'armée n'est pas prête à
intervenir (
lire ci-contre
).
ats/ant
Logistique déplorable
Sans concession, le document dépeint une logistique en piteux état: sa base a été démembrée sans que la demande en prestations n'ait diminué. Conséquence, l'armée a enregistré des surcoûts au lieu de faire des économies.
Au lieu de remplir leur mission centrale, les troupes doivent reprendre celle de la base logistique. Jusqu'en octobre dernier, les militaires ont effectué près de 15'000 jours de service en évacuant des déchets, ainsi que dans l'entretien de places d'armes.
Le missile antichar «DRAGON» a été envoyé à la casse en raison de son entretien trop onéreux. L'utilisation de carburants et de munition a par ailleurs été réduite sans que le mandat de l'armée n'ait changé.
«Il n'est plus possible d'équiper toutes les formations de l'armée en matériel et systèmes d'armes», souligne le rapport. En d'autres termes: en cas de guerre, certaines troupes seraient dénuées d'armes et d'équipement.
Dernier cours de répétition biffé?
A des fins d'économies, l'armée envisage d'offrir aux soldats et aux sous-officiers leur dernier cours de répétition, à condition qu'il leur reste moins de 19 jours de service à effectuer.
Le DDPS a confirmé une info de la "SonntagsZeitung".
L'entrée en vigueur de cette nouvelle réglementation est prévue pour 2010, si le Conseil fédéral l'approuve.
Actuellement, 10'000 soldats et sous-officiers pourraient se voir offrir leur dernier cours de répétition. Ils seraient libérés en moyenne de 8,5 jours de service.
Sur cette base, la mesure permettrait l'épargne de 85'000 jours de service à 33,50 fr. chacun, soit une économie potentielle de 2,85 millions de fr. sur les coûts de fonctionnement de l'armée.