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Diplomatie: la Géorgie confie un mandat à la Suisse

M.Calmy-Rey a été reçue par son homologue géorgien à Tbilissi.
M.Calmy-Rey a été reçue par son homologue géorgien à Tbilissi.
La Suisse va représenter les intérêts de la Géorgie en Russie. Micheline Calmy-Rey et son homologue géorgien Grigol Vashadze ont officialisé le mandat lundi à Tbilissi. Moscou avait déjà mandaté Berne pour défendre ses intérêts dans la capitale géorgienne.

La diplomatie suisse assurera ainsi les relations diplomatiques
russo-géorgiennes dans les deux sens. Ces liens avaient été
interrompus après le conflit de cet été en Ossétie.



Formellement, Moscou et Tbilissi doivent encore donner leur feu
vert à la représentation de la Suisse sur leur sol respectif. Cette
étape «pourrait intervenir dans les prochains jours», a indiqué
Micheline Calmy-Rey lors d'une conférence de presse.



Après quoi les deux représentations devraient ouvrir
simultanément. La ministre a cependant dit que cela pourrait
«prendre un petit peu de temps».

Un honneur pour la Suisse

La Suisse a déjà été chargée par Moscou de représenter les
intérêts russes en Géorgie. La conseillère fédérale a signé un
accord en ce sens le 13 décembre à Moscou. Pour la Confédération,
qui fait de ses bons offices une tradition, les mandats russe et
géorgien sont «un honneur», a affirmé la cheffe du Département
fédéral de affaires étrangères (DFAE).



Pour elle, c'est «la reconnaissance du professionnalisme de la
Suisse». «C'est aussi la preuve que la reconnaissance rapide de
l'indépendance du Kosovo n'a pas nui à la diplomatie suisse», a
relevé Micheline Calmy-Rey. Le ministre géorgien Grigol Vashadze a
pour sa part remercié la Suisse d'avoir accepté ce mandat.

Fragile cessez-le-feu

La Géorgie et la Russie ont rompu leurs relations diplomatiques
à la suite du conflit qui les a opposées en août dernier au sujet
de la province géorgienne auto-proclamée indépendante d'Ossétie du
Sud.



Les combats en Ossétie du Sud avaient débuté à la suite de
l'offensive lancée le 8 août par Tbilissi pour reprendre, sans
succès, le contrôle de la province géorgienne autoproclamée
indépendante. Allié des Ossètes, Moscou a riposté en envoyant ses
troupes en Géorgie.



Au nombre de 120, les observateurs civils sont chargés de
surveiller le respect de l'accord de cessez-le-feu entre la Géorgie
et la Russie, négocié par le président français Nicolas Sarkozy.
Les observateurs qui selon le plan Sarkozy devraient avoir accès à
l'ensemble du territoire géorgien, ne peuvent actuellement pas
pénétrer en Ossétie du Sud, la Russie ayant reconnu l'indépendance
de la petite province.

Visite sur le terrain

Lundi matin, dans la neige et le froid, la conseillère fédérale
a pu se faire une idée de la situation dans la zone où avait éclaté
le conflit. A Gori, ville située à quelques kilomètres de l'Ossétie
du Sud, Micheline Calmy-Rey a visité la mission d'observation de
l'UE.



Interrogée pour savoir si la Suisse allait adopter un rôle plus
actif envers les deux parties, Mme Calmy-Rey a répondu qu'une des
tâches principales des mandats de puissance protectrice est de
«maintenir les canaux de communication ouverts».



Micheline Calmy-Rey avait dejà rencontré son homologue dimanche
soir lors d'un dîner privé à sa résidence. Le président géorgien
Mikhail Saakachvili y a fait une apparition de courtoisie.



ats/sbo

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Bons offices: un moyen de se profiler

La première mission de puissance protectrice de la Suisse remonte au XIXe siècle. Aujourd'hui, Berne met en avant cette longue tradition pour se profiler sur le plan international, selon l'ancien ambassadeur suisse Raymond Loretan.

«La communauté internationale estime que nous sommes des facilitateurs neutres, c'est-à-dire que la Suisse n'a pas d'agenda caché», explique Raymond Loretan, qui a été consul général de la Suisse à New York.

«Elle peut honnêtement représenter les intérêts d'un pays dans un autre». Les mandats de puissance protectrice permettent à la Suisse «de jouer un rôle plus important sur la scène internationale», estime le juriste valaisan. Il ne faut pas y voir d'intérêt financier. «Ce n'est pas avec ça qu'on gagne de l'argent», dit-il. Il y a tout au plus une compensation financière.

Si officiellement, la Suisse ne propose pas sa protection mais attend d'être sollicitée, elle doit faire face à une concurrence accrue. D'autres pays, «petits, plus ou moins neutres, et sans ambitions géo-stratégiques», se partagent le «marché» des bons offices.

Dans le cas de médiations, il y a de plus en plus d'acteurs qui émergent, constate Raymond Loretan. Pas seulement des pays mais aussi des organisations proposent leurs services.

Il y a du lobbying: on ne propose pas directement ses bons offices mais on fait savoir qu'on se tient à disposition, estime l'ancien diplomate. Les ambassadeurs y travaillent dans les coulisses, selon lui.

La Suisse peut aussi compter sur «sa tradition, la qualité de ses services, la réputation de sa politique étrangère». Alors quand une nouvelle demande parvient à Berne, c'est «une victoire pour la diplomatie», dit Raymond Loretan.

La Suisse exerce actuellement plusieurs mandats de puissance protectrice: elle représente les intérêts des Etats-Unis à Cuba et en Iran et les intérêts de Cuba aux Etats-Unis. Elle représente également les intérêts iraniens en Egypte.