Pression sur l'emploi et les salaires, mise en péril du filet
social, criminalité: l'UDC ne mâche pas ses mots pour dire tout le mal qu'elle pense de la
libre circulation avec la Roumanie et la Bulgarie. Un rejet le 8
février serait sans effet pour la Suisse et l'UE, selon elle.
«Ces pays se situent à un niveau tellement bas (en termes social
et économique) qu'il serait totalement irresponsable de leur
accorder la libre circulation des personnes», a fait valoir le
Neuchâtelois Yvan Perrin lors du lancement de la campagne du «non»
de l'UDC mardi à Berne.
Roms montrés du doigt
N'importe qui peut s'établir en Suisse dans le cadre de la libre
circulation et activer ses énergies criminelles ici, a dit mardi le
président de l'UDC Toni Brunner. Si l'UDC s'est gardée d'axer son
argumentaire uniquement sur ce point, elle reste convaincue que des
garde-fous supplémentaires sont nécessaires. Le Schwytzois Pirmin
Schwander a plaidé pour «une clause de sauvegarde» contre les
Roms.
L'argument selon lequel il faut un contrat de travail n'est pas
valable, car n'importe qui peut entrer en Suisse comme travailleur
indépendant. Il serait donc impossible d'empêcher des Roms de venir
s'ils affirment vouloir exercer une activité professionnelle,
estime l'UDC.
Le parti a aussi brandi le spectre de la récession économique et
de ses effets sur le chômage. Les expériences faites jusqu'ici avec
la libre circulation des personnes se limitent à une période de
haute conjoncture, a indiqué la conseillère nationale lucernoise
Yvette Estermann.
Une réponse à deux questions
Pour les démocrates du centre, l'extension de la libre
circulation des personnes à Bucarest et Sofia est la porte ouverte
aux abus, y compris sur le plan démocratique. Ils n'ont toujours
pas digéré que ce volet ait été intégré à la reconduction de la
libre circulation avec les autres membres de l'Union européenne
dans un seul paquet.
Un «non» le 8 février permettra de déficeler ce paquet et d'éviter
de donner «un chèque en blanc» aux pays qui frappent à la porte de
l'UE comme la Croatie et la Turquie, a relevé Toni Brunner.
La reconduction de la libre circulation et son extension à la
Bulgarie et à la Roumanie sont nouées dans une seule question. Une
seule réponse n'est dès lors possible à deux questions, souligne
l'UDC.
ats/cab
Christoph Blocher de la partie
La campagne de l'UDC est dirigée par Pirmin Schwander, également président de l'Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN).
Le comité du non de l'UDC compte 30 conseillers nationaux, soit la moitié de ses élus à la Chambre du peuple, ainsi que l'ancien conseiller fédéral Christoph Blocher.
Ce dernier prendra une part active dans un autre comité contre, économique celui-ci, a précisé Toni Brunner.
L'UDC démarre relativement tard sa campagne par rapport aux partisans du «oui». Après bien des tergiversations, elle a officiellement opté pour le refus à la fin novembre. Le même mois, l'entrepreneur thurgovien Peter Spuhler a fondé avec 24 autres parlementaires UDC un comité en faveur du paquet.
La Suisse cible des corbeaux
L'UDC a choisi des corbeaux noirs s'attaquant à la Suisse pour symboliser les dangers qui planent sur le pays à ses yeux.
«Les corbeaux sont des rapaces, des oiseaux agressifs et voleurs, qui menacent l'existence des autres oiseaux. Ils sont souvent associés aux sorcières dans la mythologie», a justifié le président du parti Toni Brunner.