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Les pharmas ont versé 12,5 millions aux médecins en 2017

Palmarès des pharmas qui graissent le plus la patte des médecins anonymement. [Depositphotos - stockasso]
Conflits d'intérêts: 12,5 millions versés aux médecins par les pharmas / On en parle / 8 min. / le 11 février 2019
L'industrie pharmaceutique publie depuis 2016, sur une base volontaire, les prestations pécuniaires versées aux médecins. En 2017, ce montant s'est élevé à 12,5 millions de francs, annonce lundi la RTS.

Mais la transparence n'est de loin pas optimale, le système mis en place par l'industrie permettant aux médecins de rester anonymes.

Pour l'année 2017, selon le classement d'On en parle, c'est l'entreprise Bayer qui a effectué le plus de versements anonymes, à savoir 865'000 francs sur un total de 1,4 million.

L'association faîtière Scienceindustries explique que juridiquement, elle ne peut pas forcer les médecins à laisser leur nom à côté des montants versés, mais elle aimerait bien que les entreprises refusent de payer ceux qui ne jouent pas le jeu.

Bayer a d'ailleurs annoncé en 2018 vouloir collaborer uniquement avec les médecins qui approuvent la divulgation des noms.

"Une bonne prise en charge médicale"

De son côté, la Fédération des médecins suisses (FMH) reconnaît le risque de conflits d'intérêts et salue les efforts de transparence de l'industrie. En clair, elle aimerait bien que tous ses membres refusent l'anonymat lorsqu'ils perçoivent de l'argent de l'industrie.

En revanche, la FMH ne conteste pas ces versements en soi, et donc la participation à des congrès organisés par l'industrie: c'est selon elle "une collaboration qui contribue à une bonne prise en charge médicale et à une meilleure diffusion du savoir."

"Influence sur les prescriptions"

"Ça a clairement une influence sur les prescriptions, qui sont généralement plus larges, plus onéreuses, et souvent hors indication donc potentiellement plus risquées", dénonce Anne Chailleu, vice-présidente de l'association française Formindep.

Pour Anne Chailleu, le problème ne vient pas des industriels "qui ne font que leur métier", mais des autorités qui n'encadrent pas assez.

Du côté des autorités précisément, l'Office fédéral de la santé publique annonce vouloir limiter dès 2020 les paiements faits aux médecins à un maximum de 300 francs, considérés comme des prestations de valeur modeste et sans influence sur les prescriptions de médicaments. Des contrôles pourront être effectués par l'OFSP. En revanche, toujours pas de fichier public à l'horizon.

Yves-Alain Cornu/Bastien Von Wyss/vtom/vkiss

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