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Avions de combat: le Conseil fédéral temporise

La nécessité du remplacement des F5 Tiger est remise en cause.
Le remplacement des Tiger ne se décidera pas avant l'année prochaine.
Le Conseil fédéral ne tranchera pas avant décembre concernant l'achat de nouveaux avions de combat. Sur proposition d'Ueli Maurer, il a reporté mercredi sa décision attendue pour juillet. Aucun lien avec le secret bancaire, a affirmé Hans-Rudolf Merz.

"Il est très dangereux de lier deux dossiers différents. On ne
peut échanger le secret bancaire contre un avion de combat", a
déclaré le président de la Confédération Hans-Rudolf Merz devant la
presse.

Le ministre de la défense Ueli Maurer n'est en revanche pas venu
commenter la décision devant les médias. Il aura l'occasion de le
faire le 3 avril lorsqu'il évoquera ses 100 jours au Conseil
fédéral.



Selon le service de presse du Département de la défense, le
Conseil fédéral entend se donner une plus grande marge de
manoeuvre. Le gouvernement souhaite en particulier attendre qu'Ueli
Maurer remette, à la fin de l'année, le nouveau rapport sur la
politique de sécurité.

Lien avec le secret bancaire?

Une vaste consultation est actuellement en cours sur ce document
qui sert de base à la future orientation de l'armée. Après la
décision du ministre UDC de se passer de sa Mercedes de fonction,
plusieurs médias avaient avancé une autre hypothèse.



Le report servirait de réponse aux pressions françaises et
allemandes sur le secret bancaire. Outre les Gripens du groupe
suédois Saab, les Rafales du français Dassault et les Eurofighters
de l'européen (D,I,GB,E) EADS sont en effet sur les rangs pour
remplacer les 54 appareils de la flotte des F-5 Tiger.



Si ce lien a été démenti par Hans-Rudolf Merz, il ne serait
toutefois pas pour déplaire à l'UDC. Dans une motion, le parti a
récemment proposé de conditionner l'achat de nouveaux avions de
combat à la levée des restrictions de vols civils vers Zurich
imposées par l'Allemagne.



«C'est une carte à jouer dans la stratégie globale de défense
contre les attaques inacceptables contre la place financière
suisse», a dit le porte-parole du parti, Alain Hauert.



ats/jeh/sbo

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Une lourde dépense en période de crise

Pour les formations politiques, de gauche comme de droite, ce report était attendu.

Pour Didier Burkhalter (PLR/NE), il est logique de ne pas prendre de décision avant de savoir clairement quel type de couverture aérienne préconisera le rapport de sécurité et notamment avec quels partenaires étrangers.

«Il est très important de clarifier ces questions», non pas seulement pour savoir quel avion acheter, mais également combien d'appareils et avec quel possibilité de s'exercer à l'étranger. Il sera ensuite plus facile de se présenter devant le peuple avec une vision claire sur le sujet, a dit Didier Burkhalter.

L'initiative du Groupe pour une Suisse sans armée demandant un moratoire de dix ans sur l'acquisition de nouveaux appareils devrait en effet être déposée avant l'été, a précisé Josef Lang (Verts/ZG). Cela devrait permettre de voter avant l'achat qui été prévu dans le cadre du programme d'armement 2010.

Or en période de récession, il sera difficile pour le gouvernement de justifier un achat de 2,2 milliards, s'est-il réjoui, de même que les socialistes Christian Levrat (FR) et Evi Allemann (BE). Et les tergiversations actuelles montrent que cet achat est inutile, selon eux.

Un avis que ne partage évidemment pas le président du PDC Christoph Darbellay. Le Valaisan y voit avant tout une manoeuvre d'Ueli Maurer pour éviter de devoir prendre une décision difficile et ainsi conserver sa bonne image.