Modifié

Piraterie: engagement de militaires suisses?

La discrétion du président de la Confédération étonne.
Pour Pascal Couchepin, il s'agirait d'une opération de police.
Selon Pascal Couchepin, Berne est prête à envoyer des soldats sur les bateaux suisses croisant au large de la Somalie pour les protéger de la piraterie. «La Suisse n'a pas d'autre choix si nos navires sont menacés», dit-il.

Peut-on dire aux pirates: 'Halte, nous sommes un pays neutre,
s'il vous plaît, attaquez-vous à un autre bateau ?'», a déclaré le
président de la Confédération dimanche dans un entretien à la
«SonntagsZeitung».

Aucune décision formelle n'a encore été prise, «mais la position
de notre gouvernement est claire: nous sommes prêts en principe à
envoyer des soldats suisses en Somalie», précise Pascal
Couchepin.

Protection de l'UE

Une telle mission n'est pas facile, concède le Valaisan,
soulignant que seuls des volontaires y seront confrontés. «Ce n'est
pas une action de guerre mais une intervention policière visant à
protéger des bateaux suisses», insiste-t-il.



Le Conseil fédéral examine actuellement la possibilité d'une
participation de troupes spéciales suisses au sein de la mission
européenne Atalante, qui a pour objectif d'escorter les bateaux et
dissuader les pirates. En contrepartie, l'Union européenne serait
prête à protéger les bateaux suisses.

La police plutôt que l'armée

Pour le président de la commission de la politique de sécurité
du Conseil national, il n'est pas nécessaire que les forces
envoyées en Somalie soient de l'armée. On peut également faire
appel à des unités spéciales de la police, a déclaré dimanche à la
radio alémanique DRS Bruno Zuppiger (UDC/ZH). Dans un communiqué,
son parti partage cet avis, estimant que la police convient tout à
fait pour une mission purement de surveillance.



Pour l'UDC, engager l'armée dans ce cas contrevient à la
neutralité. Cela équivaut à une action militaire dans le cadre d'un
engagement international et non pas uniquement d'une défense des
intérêts de la Suisse, que la police suffirait à assurer, écrit
l'UDC. Et de s'offusquer de «l'affront» fait par le Conseil fédéral
à Ueli Maurer en décidant du principe d'une telle mission lors de
sa dernière séance de l'année. En l'absence du nouveau chef de
l'armée.

Avis partagés

A l'opposé de l'échiquier politique, le Groupe pour une Suisse
sans armée (GSsA) est lui aussi «fermement opposé» à l'engagement
de militaires sur les côtes somaliennes. Les Verts sont sur la même
ligne. En revanche, les radicaux et le PDC ne sont pas opposés par
principe à ce projet, mais demandent de pouvoir étudier
attentivement le dossier pour les premiers et de permettre aux
soldats de remplir cette mission uniquement sur une base volontaire
pour le second.



Le PS n'est pas non plus fondamentalement contre un engagement de
soldats pour assurer la sécurité des bateaux, mais en aucun cas les
soldats de milice.

Publié Modifié

Cargo suisse attaqué: une première

La flotte commerciale helvétique est actuellement constituée de 35 navires, manoeuvrés par 600 marins parmi lesquels ne figurent que six Suisses.

Il arrive naturellement à ces bâtiments de naviguer dans le golfe d'Aden, des eaux rendues dangereuses par la présence de pirates somaliens, disposant de bateaux ultra-rapides.

Pour la première fois mardi dernier, un cargo suisse, appartenant à la société maritime Enzian, a été attaqué par des pirates, a indiqué dimanche Enzian, confirmant une information de la «NZZ am Sonntag».

Le bateau, qui avait quitté le port de Piombino, en Italie, pour se rendre à Dammam, en Arabie Saoudite, a été pourchassé par plusieurs bateaux de pirates dans le golfe d'Aden, a relaté la compagnie. Mais ceux-ci ont toutefois rebroussé chemin après quelque temps.

Le cargo faisait partie d'un convoi de plusieurs bateaux de transport. Le même jour, quatre autres attaques de navires ont été signalées.

Les autorités suisses ont été averties de l'attaque. Selon le porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) Jean-Philippe Jutzi, cet incident fait office de première dans l'histoire récente de la Suisse.

Mobilisation internationale

L'insécurité grandissante dans le golfe d'Aden, route maritime stratégique, a conduit plusieurs puissances, dont l'Union européenne, à déployer des forces militaires pour tenter d'assurer la sécurité des navires de commerce.

Mardi, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une résolution autorisant pour un an des opérations internationales contre les pirates sur le territoire de la Somalie.