Les milieux du tir ont déposé 125'000 signatures en faveur d'un référendum sur la loi qui découle d'une nouvelle norme anti-terroriste de l'Union européenne. Cette dernière vise à durcir les conditions de détention de certaines armes, notamment semi-automatiques, un non-sens pour l'organisation ProTell.
"Le référendum a reçu un soutien au-delà de nos attentes", rappelle Olivia de Weck, invitée de La Matinale. "En Suisse, il y a environ un million de détenteurs d'armes qui seraient considérés comme irresponsables et criminels si cette directive devait passer."
Une révision "anti-suisse"
Les référendaires reprochent notamment à la révision d'être "anti-suisse". La tradition compterait-elle plus que la sécurité? "On sait que le terrorisme n'existe pas en Suisse, même si le pays n'est pas à l'abri", répond Olivia de Weck. "La loi européenne ne répond à aucun besoin sécuritaire ici. On a vu que les attaques perpétrées chez nos voisins ont été accomplies avec des armes automatiques, déjà interdites en Suisse."
Pour les chasseurs, la révision ne changerait rien, car que le type d’arme visé n’est déjà pas admis pour leur secteur. Pour les militaires, la Suisse a obtenu une réglementation spéciale: ils pourront garder et utiliser leur arme d’ordonnance.
La situation est différente pour les collectionneurs, qui devront désormais prouver que leurs armes sont conservées de façon sûre et tenir un inventaire. "Je doute qu'ajouter des chicaneries administratives pour les honnêtes citoyens détenteurs d'armes en Suisse soit utile", estime Olivia de Weck. "Surtout pour les armes dans votre grenier et qui font partie du patrimoine familial."
Assez d'autres moyens de suivre la détention d'armes
Le durcissement est adopté par les pays membres de l'espace Schengen, dont la Suisse. "ProTell n'est ni anti-Union européenne, ni anti-Schengen", tient à préciser l'avocate. "On a d'autres moyens pour suivre la détention d'armes, et ils sont suffisants." La participation du pays à Schengen pourrait être remise en question. "Va-t-on vraiment accepter un chantage de Bruxelles ? La Suisse ne sera pas éjectée de cet accord."
Même le soutien de la cheffe du DDPS Viola Amherd en faveur de la révision ne semble pas inquiéter les référendaires. "On trouvera toujours des solutions grâce à notre collaboration avec l'Union européenne", conclut la vice-présidente de ProTell. "Mais il faut qu'elles soient équitables, justes et justifiées."
Propos recueillis par Chrystel Demenjoz/ani