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Piraterie: le credo de Micheline Calmy-Rey

La Suisse pourrait envoyer des soldats dans le Golfe d'Aden.
L'idée d'envoyer des soldats suisses en mer suscite moult réactions.
L'idée du Conseil fédéral d'envoyer des soldats pour protéger des bateaux suisses contre les pirates au large de la Somalie est accueillie avec circonspection. La ministre Micheline Calmy-Rey l'a néanmoins encore défendue lundi soir.

Invitée du 19:30 de la TSR lundi, Micheline Calmy-Rey a justifié
le projet en rappelant qu'un cargo suisse avait été attaqué mardi
dernier et que les armateurs ont demandé un appui. C'est elle qui a
proposé au Conseil fédéral l'envoi de soldats suisses. Le
Département fédéral de la défense a été consulté, mais le dossier
est sous la responsabilité du Département fédéral des affaires
étrangères, a expliqué sa cheffe.

La protection des navires commerciaux suisses ne peut pas se
faire de manière solitaire, a-t-elle déclaré, revenant sur une
participation de troupes spéciales suisses au sein de la mission
européenne Atalante. La Suisse doit s'engager s'il elle veut que
les autres Etats la protègent, a assuré la ministre des Affaires
étrangères.



La mission Atalante et le Conseil fédéral sont favorables à cette
idée sur le principe, assure la conseillère fédérale. Les modalités
techniques et financières doivent encore être précisées. Cette
opération pourrait être prête en trois mois.



La décision finale du Conseil fédéral ne tombera pas avant sa
prochaine séance, le 14 janvier. Les commissions parlementaires
seront alors informées et consultées. Le dernier mot reviendra au
Parlement.

"Solution sérieuse"

Il est nécessaire de trouver une "solution sérieuse", comme par
exemple la protection des navires helvétiques par les forces
navales d'un autre pays, a pour sa part suggéré le professeur
Albert Stahel, expert en stratégie militaire de l'Ecole
polytechnique fédérale de Zurich sur les ondes de la radio
alémanique DRS lundi. Les navires suisses pourraient alors hisser
le pavillon du pays en question.



"Pas question", rétorque Reto Dühler, directeur de l'Office suisse
de la navigation militaire, lui aussi interrogé par la DRS. La
Confédération ne recommandera pas aux propriétaires de bateaux de
naviguer sous d'autres couleurs.

Effets d'annonce

Reto Dühler estime que l'idée d'une intervention militaire est
«digne d'être étudiée». Selon lui, la présence de soldats à bord
dissuade les pirates car le but de ces derniers est d'obtenir une
rançon maximale avec un effort minimum. Israël a agi de cette façon
et aucun des bateaux de l'Etat hébreu n'a été attaqué jusqu'à
présent, constate Reto Dühler.



Albert Stahel ne partage pas cet avis. Il craint que des pirates
puissent monter à l'abordage, couler un navire suisse et prendre en
otage les occupants d'un navire. «Et ils n'hésiteraient pas une
seconde à tuer les soldats», déclare-t-il dans une interview
publiée par le journal gratuit «.ch».



Dans le St. Galler Tagblatt , Albert Stahel critique en outre les
«effets d'annonces médiatiques» du gouvernement. «Au lieu de faire
souffler un vent de chasse militaire contre les pirates, les
différents gouvernements et le Conseil fédéral seraient bien
inspirés de présenter des solutions globales.»



La question du manque d'expériences en haute mer des soldats
suisses, ainsi que celle de la neutralité helvétique étaient aussi
relevées par le vice-président de l'UDC Yvan Perrin, interrogé par
le 19:30.



agences/ant/bri

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Cargo suisse attaqué: une première

La flotte commerciale helvétique est actuellement constituée de 35 navires, manoeuvrés par 600 marins parmi lesquels ne figurent que six Suisses.

Il arrive naturellement à ces bâtiments de naviguer dans le golfe d'Aden, des eaux rendues dangereuses par la présence de pirates somaliens, disposant de bateaux ultra-rapides.

Pour la première fois mardi dernier, un cargo suisse, appartenant à la société maritime Enzian, a été attaqué par des pirates, a indiqué dimanche Enzian, confirmant une information de la «NZZ am Sonntag».

Le bateau, qui avait quitté le port de Piombino, en Italie, pour se rendre à Dammam, en Arabie Saoudite, a été pourchassé par plusieurs bateaux de pirates dans le golfe d'Aden, a relaté la compagnie. Mais ceux-ci ont toutefois rebroussé chemin après quelque temps.

Le cargo faisait partie d'un convoi de plusieurs bateaux de transport. Le même jour, quatre autres attaques de navires ont été signalées.

Les autorités suisses ont été averties de l'attaque. Selon le porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) Jean-Philippe Jutzi, cet incident fait office de première dans l'histoire récente de la Suisse.

Idée "exotique"

Pascal Couchepin avait annoncé dans la presse dominicale que le gouvernement était prêt à envoyer des soldats suisses au large de la Somalie. Les partis politiques s'étaient montrés réservés voire vigoureusement opposés à l'annonce du président de la Confédération.

La déclaration du radical valaisan surprend aussi le président de Société suisse des officiers Hans Schatzmann. «Il n'a pour l'heure jamais été question d'une intervention de soldats contre des pirates», a-t-il dit au journal gratuit «News». Et de qualifier un tel projet d'»idée exotique», tout en reconnaissant que la décision en revenait au politique.