Publié

Au Conseil des Etats, 40% des sièges seront à repourvoir en octobre

A ce stade, 18 sénateurs ont annoncé ne pas se représenter au mois d'octobre. [Keystone - Anthony Anex]
Le Conseil des Etats aiguise les appétits à quelques mois des élections fédérales / La Matinale / 3 min. / le 13 février 2019
A huit mois des élections fédérales, la course au Conseil des Etats attise les appétits. A ce stade, 18 sénateurs ont déjà annoncé qu'ils ne se représenteraient pas en octobre, ce qui induit que 40% des sièges sont d'ores et déjà à repourvoir.

Alors que 18 des 46 fauteuils de la Chambre haute sont déjà laissés vacants, il y en aura peut-être bientôt 19 ou 20, puisqu'on attend encore la décision de l'un ou l'autre conseiller aux Etats.

Ce chiffre constitue déjà un record, du moins ces 25 dernières années. Il faut remonter à 1999 pour retrouver un tel taux de renoncement avec 17 sénateurs qui avaient alors abandonné leur fauteuil.

>> Lire aussi : Les femmes à la conquête du Conseil des Etats, ce bastion masculin

La chambre de la réflexion

Plus petit que le Conseil national, le Conseil des Etats revêt pourtant plus de poids, estime le politologue Claude Lonchamp mercredi dans La Matinale de la RTS. C'est même là que réside le principal enjeu de ces élections fédérales d'octobre.

"Le Conseil des Etats a, pour la première fois dans l'histoire, une légère majorité plutôt à gauche du centre, avec les socialistes et le PDC. Mais si ces partis perdent deux ou trois sièges, cette majorité n'existera plus.

Composé de deux représentants par canton, un pour les demi-cantons, le Conseil des Etats est souvent vu comme la chambre de la réflexion. Ses positions sont plus proches de celles du Conseil fédéral et il donne souvent les directions à suivre. C'est également souvent dans cette chambre que se trouvent les compromis, à l'image du paquet fiscal qui associe imposition des entreprises et financement de l'AVS, soumis aux Suisses en mai.

Le PLR veut renverser la majorité PS-PDC

Ces dernières années, la Chambre haute a ainsi souvent fait office de contre-poids au Conseil national. Alors que la Chambre du peuple est dominée par l'UDC et le PLR, c'est le centre-gauche qui est majoritaire aux Etats. En chiffres, le PDC dispose du plus grand nombre de sièges (13), devant le PLR et le PS (12), l'UDC (6), les Verts (1) et le PBD (1). Les libéraux-radicaux pourraient en gagner un supplémentaire s'ils parviennent à conserver le fauteuil abandonné par Karin Keller-Sutter, lors de la complémentaire prévue en mars à Saint-Gall.

Mais cela pourrait changer en fonction des résultats d'octobre. Les partis se montrent ainsi ambitieux pour le scrutin du 20 octobre. La présidente du PLR Petra Gössi l'a déjà déclaré haut et fort: "Nous voulons mettre fin à la majorité de centre-gauche PS-PDC au Conseil des Etats". Elle estime que le glissement à droite opéré il y a 4 ans au Conseil national n'a pas porté ses fruits.

L'UDC met la priorité sur le National

L'analyse est identique à l'UDC, sauf que le plus grand parti de Suisse, en tête en nombre de sièges au National, est aussi celui qui a le moins de représentants aux Etats parmi les partis gouvernementaux. Le président de l'UDC Albert Rösti se montre donc moins gourmand que son homologue libérale-radicale.

"C'est beaucoup plus difficile pour nous de gagner des élections à la majorité, et nous n'avons pas envie de nous éloigner de notre programme pour gagner plus de sièges aux Etats. Il est donc d'autant plus important de garder la majorité bourgeoise au Conseil national".

Le PS veut une majorité aussi au National

Les socialistes doivent eux faire face à au moins six départs à la Chambre des cantons et la partie s'annonce très dure pour y maintenir les acquis.

"Le PS n'a jamais été aussi fort dans cette chambre-là et nous voulons maintenir nos positions. Mais nous voulons aussi obtenir une majorité progressiste au Conseil national. Parce qu'avec une seule majorité, vous pouvez faire des oppositions aux projets qui ne vous conviennent pas, mais c'est extrêmement difficile de les faire progresser", constate le président du PS Christian Levrat.

Difficile de savoir quelle majorité sortira des urnes le 20 octobre, ni même s'il en sortira une. Seule certitude, le visage du Conseil des Etats après les élections fédérales sera très différent de celui d'aujourd'hui.

Marie Giovanola/boi

Publié