Si vous possédez un bien immobilier et que vous y habitez, vous payez des impôts sur ce bien. Il s'agit de la valeur locative, qui correspond à ce que vous pourriez toucher si vous deviez louer ce bien. Cette somme fictive est toutefois considérée comme un revenu bien réel.
Et la commission de l'Economie du Conseil des Etats a planché une nouvelle fois en vue de supprimer cette valeur locative, aboutissant à un compromis. Les sénateurs poursuivent un double objectif avec cette proposition qui concerne uniquement les logements principaux: en échange de la suppression de la valeur locative, les détenteurs d'un logement ne pourront plus déduire fiscalement les intérêts de leur dette. En partie ou totalement selon la variante retenue.
Les déductions pour les frais d'entretien ou celles qui visent à ménager l'environnement seraient également supprimées au niveau fédéral. Toutefois, concernant ces déductions visant à économiser de l'énergie, les cantons pourront décider s'ils les maintiennent ou non.
Les gagnants et les perdants
Au final, les gagnants de ce compromis sont les propriétaires qui ont réussi à éponger un maximum de leur dette. Autrement dit les vieux propriétaires ou ceux qui sont fortunés.
Ceux qui ne profitent pas au contraire sont les propriétaires qui ont beaucoup de dettes, avantagés aujourd'hui parce qu'ils peuvent en déduire tous les intérêts.
Il s'agit donc d'une manière d'endiguer les dettes personnelles: les Suisses détiennent presque le record européen des personnes les plus endettées. Une conséquence du système actuel qui n'encourage pas à rembourser ses dettes.
Un accès plus difficile à la propriété
L'accès à la propriété sera donc plus difficile. Mais pour faire passer la pilule, la commission propose d'introduire une déduction pour ceux qui achètent un premier logement. La première année, ce serait 10'000 francs pour les couples et 5000 pour les personnes seules. La deuxième année, ce serait une déduction de 9000 francs pour les couples, et ainsi de suite pendant 10 ans.
La commission tente ainsi de permettre aux jeunes d'acquérir un logement plus facilement. Et si vous avez déjà acheté une maison durant ces dix dernières années et que votre dette est encore haute, vous n'êtes pas totalement perdant: vous pourrez profiter de cette déduction de manière rétroactive.
Cette proposition est mise en consultation jusqu'en juin.
Muriel Ballaman/boi