"Nous gardons toute confiance en notre justice et police dans
cette affaire", a déclaré David Hiler. Le Conseil d'Etat ne va pas
présenter d'excuse à la Libye et n'entend pas se mêler des
tractations entre Berne et Tripoli.
"Nous n'avons été saisi d'aucun document officiel», a relevé le
président du gouvernement. Le magistrat a souligné que selon ses
informations, le rapport Caflisch sur cette affaire est à l'état de
projet. Le canton n'a eu aucune correspondance officielle à ce
propos avec le Département fédéral des affaires étrangères.
Règles respectées
"Les règles de l'Etat de droit ont été respectées, les
conventions internationales n'ont pas été violées. En dernière
analyse, il y a peut-être eu un manque de doigté, mais cette notion
est subjective", a ajouté David Hiler.
En l'occurrence, le Conseil d'Etat genevois estime que la police a
fait son travail. "Il n'y a pas eu quoique ce soit d'illégal commis
à Genève et à preuve du contraire, le canton de Genève ne détient
aucun otage", a souligné le président du gouvernement.
Pressions libyennes
"Nous pensons qu'il n'y a pas lieu
d'initier quoi que ce soit de nouveau, ou de laisser jouer à notre
police le rôle de bouc émissaire", a conclu le magistrat
écologiste, qui a lancé au passage quelques piques sur les moyens
de pression utilisés par la Libye dans ce dossier. Le Conseil
d'Etat attend d'être saisi du rapport final avant de faire d'autres
analyses.
Le rapport du professeur Caflisch, coprésident de la commission
chargée de faire la lumière sur l'arrestation du fils du président
libyen et de son épouse en juillet à Genève, égratigne la justice
et la police genevoises. Dévoilé fin décembre, il conclut qu'une
convocation au poste aurait été plus judicieuse qu'une
interpellation menée avec des moyens jugés "excessifs".
agences/boi
Retour sur les événements
Le fils du numéro un libyen Mouammar Kadhafi et son épouse ont été arrêtés le 15 juillet à Genève suite à une plainte de leurs domestiques pour maltraitance.
La plainte a été retirée en septembre contre un dédommagement financier, mais cela n'a pas permis de détendre la situation au plan diplomatique.
La Libye a engagé une politique de représailles envers la Suisse. Depuis la mi-décembre, elle a encore durci le ton.
Tripoli menace de durcir ses sanctions si la Suisse ne reconnaît pas les résultats du rapport de la commission d'enquête.
Tripoli exige aussi que les responsables de l'arrestation soient sanctionnés.
Les entreprises helvétiques en Libye ne peuvent pas exercer leurs activités librement. Et deux ressortissants suisses ne sont toujours pas autorisés à quitter le pays, même s'ils sont libres de leurs mouvements sur place.
Par ailleurs, le frère d'un des deux domestiques, un Marocain arrêté le 27 juillet en Libye, a disparu depuis. L'homme a été tué par le régime libyen, selon leur ancien avocat François Membrez.
En décembre dernier, deux rapports, l'un lybien et l'autre suisse, ont égratigné l'attitude de la police et de la justice genevoises.