La participation à la mission de l'Union européenne était en
discussion depuis fin décembre. Tiraillé, le gouvernement avait
renvoyé plusieurs fois le dossier depuis le début de l'année.
Toujours concernant le domaine militaire, le Conseil fédéral a
aussi nommé mercredi un nouveau chef de l'armée et pris position en faveur du maintien
de l'arme à domicile .
Concernant l'envoi de soldats, la rencontre entre le Haut
représentant de l'UE pour la politique étrangère Javier Solana et
Micheline Calmy-Rey la semaine dernière à Bruxelles semble avoir
été décisive.
Mission de protection
Le Conseil fédéral a chargé les départements des Affaires
étrangères et de la Défense de fixer avec l'Union européenne les
modalités de la participation helvétique à l'opération Atalante.
Les militaires suisses seront chargés de protéger des bateaux et de
se défendre contre des attaques de pirates.
Les soldats ne pourront en revanche pas mener d'offensive
militaire sur terre ou sur mer. Leur mission se concentrera sur la
sécurité des bateaux du Programme alimentaire mondial et pourrait
être élargie à la défense des navires de frêt suisses naviguant
dans la région de la mission Atalante.
Formation spéciale
Le détachement limité à 30 personnes se composera de deux
équipes de grenadiers et de soldats de reconnaissance, d'une équipe
médicale (un médecin et du personnel soignant), d'au maximum quatre
officiers d'état-major ainsi que de trois spécialistes des
questions juridiques.
Il s'agira de soldats professionnels au bénéfice d'une formation
spéciale. Les Allemands ont promis leur soutien pour l'instruction,
a assuré devant la presse le tout nouveau chef de l'armée André
Blattmann. Les coûts de l'opération sont devisés à
9,8 millions de francs.
Maurer opposé
Venu présenter aux médias les dossiers de son département, le
ministre de la Défense Ueli Maurer, qui avait déclaré publiquement
son opposition à l'envoi de ces soldats, a expliqué que la base
légale pour une participation à la mission "Atalante", avait été le
noeud du problème au sein du gouvernement.
La majorité du Conseil fédéral a jugé que la disposition de la loi
sur l'armée sur le service d'appui à l'étranger suffisait pour ce
cas unique. La législation actuelle permet l'envoi de troupes à la
demande d'Etats ou d'organisations internationales pour soutenir
une aide humanitaire.
ats/boi
Atalante regroupe 8 pays
L'Union européenne a lancé à la fin 2008 la première opération navale de son histoire pour lutter contre les pirates au large de la Corne de l'Afrique.
Baptisée "Atalante", elle regroupe six navires de guerre et trois avions de patrouille.
Huit pays (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grèce, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède) participent à l'opération prévue pour durer un an.
Agissant sur mandat de l'ONU, la flottille de l'UE doit escorter les navires du Programme alimentaire mondial, qui livrent une importante aide humanitaire à la Somalie.
Elle doit aussi patrouiller pour dissuader les pirates d'attaquer les navires marchands, voire faire feu sur eux s'ils passaient outre.
Les partis hésitants
L'Action pour une suisse indépendante et neutre considère cette décision comme grotesque, contraire à la neutralité et lourde de conséquence. Cette participation ouvre la porte à d'autres engagements de soldats suisse sous commandement étranger, n'importe où dans le monde.
Cette position est partagée par l'UDC pour laquelle la mort d'un soldat suisse au service d'intérêts étrangers ne sera plus qu'une question de temps. La réputation de neutralité de la Suisse.
Pour sa part, le PRD a soutenu la décision du gouvernement, estimant que cet engagement militaire fait partie de la neutralité armée.
Le PDC souligne qu'une participation de la Suisse est attendue à l'étranger. Des bateaux suisses naviguent dans ces eaux. On ne peut pas tout laisser faire aux autres.
Le PS se montre plus circonspect. Le fait que le Conseil fédéral négocie avec l'UE est salué, mais un tel engagement est délicat. Le Parti entend observer à la loupe la nature exacte de l'engagement suisse.