Les 2,3 millions d'armes à feu circulant en Suisse sont un
énorme danger pour la sécurité, font valoir les initiants. Lancé
par une coalition comprenant 74 partis et organisations, le texte exige le dépôt des armes d'ordonnance dans
des locaux sécurisés de l'armée. Il empêcherait en outre celui qui
a terminé ses obligations militaires de conserver son fusil
d'assaut.
L'initiative demande aussi la création d'un registre national des
armes à feu et une définition plus stricte du permis de port
d'arme. Elle a notamment le soutien du PS, des Verts, du Groupe
pour une Suisse sans Armée(GSsA), de plusieurs organisations
féminines et d'organisations de prévention du suicide.
Une tradition dépassée
«Nous sommes très confiants» quant au succès de l'initiative, a
déclaré la conseillère nationale Chantal Galladé (PS/ZH) devant la
presse. Selon elle, la population ne comprend pas la timidité avec
laquelle le monde politique traite le dossier. Pour les initiants,
les réponses données jusqu'ici par le Département fédéral de la
défense ainsi que les récentes propositions d'un groupe d'experts
ad hoc sont insuffisantes.
Et les initiants de balayer les arguments de ceux qui refusent une
législation plus stricte. «La tradition de la remise de l'arme de
service n'a plus de justification militaire depuis longtemps», a
souligné Reto Moosmann du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA).
Le «compromis» proposé par l'armée, à savoir le retrait de la
munition de poche, ne règle pas le problème, vu la facilité à se
procurer des cartouches.
L'argument d'une surcharge de travail ne tient également pas la
route. «Qui ira dire à une mère qui a perdu son fils tué par une
arme militaire que la charge administrative était trop lourde pour
protéger son enfant», a lancé Chantal Galladé.
Trop d'armes en circulation
Revenant sur les différents meurtres qui ont secoué le pays
depuis le massacre au Grand conseil de Zoug en septembre 2001 et la
mort de la skieuse Corinne Rey-Bellet en avril 2006, les initiants
ont souligné les dangers de la trop grande accessibilité des armes
à feu en Suisse. «Aucun usage, militaire ou sportif, ne justifie
leur présence au coeur de la population», selon le conseiller
national Josef Lang (Verts/ZG).
Sur les 2,3 millions d'armes à feu qui circulent, 1,7 million sont
militaires: 252'000 se trouvent dans la chambre à coucher, le
grenier ou la cave d'un soldat en service, 1,448 million chez
d'anciens militaires, leurs proches ou leurs descendants.
En outre, 230'000 armes à répétition ou semi-automatiques, ainsi
que 350'000 armes d'un autre type, sont détenues à titre privé,
a-t-il énuméré.
ats/ap/sbo
Taux de suicides et de meurtres élevés
Une telle disponibilité des armes contribue à l'augmentation du nombre de suicides, des meurtres et des menaces. La Suisse est dans le peloton de tête des pays ayant des taux de crimes familiaux très élevés, quasiment à hauteur des Etats-Unis.
Un tiers des 1400 personnes qui mettent fin chaque année à leurs jours l'ont fait avec une arme militaire. Or, si au moment de passer à l'acte, celui qui veut se suicider a sous la main des médicaments plutôt qu'une arme, les chances de le sauver seraient beaucoup plus grandes, a souligné Barbara Weil de la Fédération des médecins suisses.
Les pays qui ont opté pour des législations plus sévères, comme le Canada, l'Australie ou la Grande-Bretagne, ont connu une baisse du nombre de suicides avec une arme.
Le président de l'Association du personnel de la police judiciaire fédérale Jean-Pierre Monti a quant à lui souligné l'utilité d'un registre national des armes.
Un tel instrument donne à la police la possibilité de détecter rapidement les personnes prêtes à recourir à la violence. Et d'affirmer que le drame de Zoug aurait pu ainsi être évité.