Un reportage de Virginie Pilault et Hervé Mermillod, en rediffusion.
Entré en vigueur il y a deux ans, le nouveau Code pénal suisse promettait, déjà, de désengorger les prisons, avec notamment l'introduction des jours-amendes. Aujourd'hui, pourtant, les prisons des cantons de Vaud et Genève n'ont jamais été aussi pleines.
Deux par cellule individuelle et cinq par cellule de trois
En préventive, des détenus attendent leur jugement pendant parfois plus d'une année sans autre activité que leur promenade quotidienne. Pour eux, comme pour leurs gardiens, la situation devient intenable.
Les normes européennes recommandent une surface de 12 mètres carrés par cellule individuelle. Pourtant, aujourd'hui, presque toutes ces cellules ont été "doublées", ainsi les détenus sont deux par cellule individuelle et 5 par cellule de trois.
Pas assez de lits
La vie quotidienne est extrêmement compliquée. Certains détenus dorment sur des matelas posés à même le sol, car il n'y a pas assez de douches pour tout le monde. À cela s'ajoute l'interminable attente pour pouvoir passer un coup de téléphone et les bagarres qui éclatent pour un oui ou pour un non, parce que tout le monde est "à cran".
Les gardiens eux-mêmes craquent: les "burn-out" se multiplient et le tournus est important. La prison de Champ Dollon connaît même des problèmes de recrutement.
Sévérité des juges mise en cause
La croissance démographique est certes un facteur d'accroissement de la population carcérale. L'ouverture des frontières aurait aussi joué un rôle, les douaniers ne jouant plus leur rôle de "filtre", mais à Genève c'est surtout la sévérité des juges qui est mise en cause et de façon plus générale, la propension de notre société à vouloir punir sévèrement.
Des chauffards viennent par exemple passer quelques nuits en prison, ce qui n'était pas le cas auparavant. Les prisons, même agrandies, risquent donc de rester pleines, très pleines, encore longtemps.