Le Tribunal militaire présidé par le colonel Mario Bazzi a condamné vendredi à Bellinzone l'ex-sergent de l'armée suisse à une peine de 90 jours amende avec sursis pendant trois ans et à 500 francs d'amende. La Cour s'est montrée plus indulgente que l'accusation. Johan Cosar avait servi dans une milice chrétienne syrienne.
L'homme de 37 ans a été reconnu coupable d'avoir porté atteinte à la puissance défensive du pays. La justice militaire lui reprochait d'avoir servi dans une milice en Syrie entre 2013 et 2015 "sans la permission du Conseil fédéral".
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"Combattre le mal absolu"
Johan Cosar et son cousin n'ont par contre pas été reconnus coupables de recrutement de combattants en Suisse. Dans son réquisitoire, le procureur de l'armée, l'auditeur Roberto Colombi, avait notamment mis en exergue que le fait de s'enrôler dans les forces d'un Etat tiers mettait à mal la neutralité suisse. Une neutralité toute relative avait rétorqué l'avocat de la défense, puisque le protagoniste de ce conflit, "le mal absolu," soit les organisations comme le groupe Etat islamique ou al Nosra, sont interdites par la Suisse.
Jeudi, Johan Cosar avait déclaré devant la Cour: "En Suisse, la non-assistance à personne en danger est condamnable. Lorsque j'étais sur place et que je voyais les populations chrétiennes destinées à mourir, je n'ai pas pu les abandonner. Partir aurait été un acte de lâcheté". Des propos qui n'ont pas pesé suffisamment lourd dans la balance pour être acquitté, comme le demandait la défense.
Nicole della Pietra/sjaq et les agences
Rappel du parcours de Johan Cosar
Né à Saint-Gall d'une mère turque et d'un père turco-syrien d'ascendance araméenne, l'ex-sergent a fait des études supérieures en Suède avant de revenir en Suisse pour effectuer son service militaire. Il en est sorti avec le grade de sergent.
En 2011, lorsque le conflit a éclaté en Syrie, il a déclaré au tribunal qu'il avait décidé de se rendre sur place pour voir ce qui se passait dans le nord du pays où vit la communauté araméenne.
Dans un premier temps, il s'était consacré à des actions humanitaires. Mais lorsque la situation s'est aggravée, il a avoué avoir participé à la constitution de la milice "Syriac Military Council" pour laquelle il a recruté des soldats syriens sur place.