Pour le moment, la manifestation n'a pas reçu d'autorisation.
«Nous procéderons à une pesée d'intérêts entre la liberté de
manifester et les risques de troubles à l'ordre public», a fait
savoir devant la presse Laurent Moutinot, responsable du
Département des institutions (DI).
Congés policiers supprimés
L'exécutif a néanmoins pris les devants. Les congés des
policiers ont été supprimés et une demande d'appui a été adressée
au groupe romand de maintien de l'ordre. Le gouvernement genevois a
également requis de la Confédération un renforcement des contrôles
aux frontières et une vigilance accrue de la police
ferroviaire.
Laurent Moutinot n'a pas caché une certaine crainte face à cette
manifestation anti-Davos. Selon lui, les appels sont lancés à
partir de sites «peu recommandables», accompagnés de mots d'ordre
«extrêmement durs». Il s'agirait en gros de venir à Genève plutôt
pour casser que pour exprimer une opinion politique.
Une épine dans le pied
Le Conseil d'Etat est d'autant plus embarrassé par cette affaire
que ses relations avec la police genevoise ne sont pas au mieux.
Les gendarmes réclament une révision de leur grille salariale et
ont engagé une épreuve de force avec leur employeur en proclamant
une grève des amendes et des heures supplémentaires.
Moutinot a néanmoins dit croire au sens des responsabilités de ses
troupes. «Je vois mal les policiers abandonner leur mission
principale de protection de la population», a-t-il relevé. Le
magistrat ne tolérera de toute façon pas d'autre attitude. «Pendant
cette période, l'engagement devra être total.»
ats/ant
Les partis s'agitent
Dans les partis politiques, la manifestation anti-WEF agite aussi les esprits. A droite, l'Entente a fait part de son inquiétude. Elle exige du gouvernement qu'il prenne les dispositions nécessaires pour éviter les débordements et dit n'accorder aucun crédit aux organisateurs du défilé.
L'UDC, de son côté, est favorable à une interdiction pure et simple de la manifestation contre le World Economic Forum (WEF). Elle a déposé une résolution dans ce sens auprès du Grand Conseil. Genève doit faire comme Davos et Berne, a relevé le secrétaire général de l'UDC Eric Bertinat.
La décision concernant l'autorisation de manifester devrait tomber d'ici à une dizaine de jours. «Il n'y aura aucun dogmatisme en la matière», a certifié Laurent Moutinot. Bien qu'attaché à la liberté d'expression, le gouvernement n'hésitera pas à interdire le rassemblement «si les risques s'avèrent trop importants».