Le sommet sur les abus sexuels du clergé catholique s'est achevé aujourd'hui au Vatican. Durant trois jours, plus de 190 participants, dont l'évêque de Bâle Mgr Felix Gmür, ont évoqué ce problème qui mine l'Eglise catholique romaine.
Lors de l'ouverture de ce sommet, le pape François a indiqué qu'il voulait des "mesures concrètes et efficaces" face aux abus sexuels, dont les ecclésiastiques sont régulièrement accusés.
Les victimes au centre
Interrogé dans Forum, Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, estime qu'après toutes ces paroles, il est temps de passer aux actes. "C'est une révolution pour l'Eglise. Il ne s'agit pas de regarder en premier l'institution à protéger, mais bien les victimes. Il faut prendre conscience de leurs souffrances."
Ce sommet représente-t-il un tournant pour l'Eglise? "Je pense que cela contribue à une prise de conscience profonde. Il s'agit d'un changement de culture interne. Cela va plus ou moins vite selon les lieux et les personnes. La rencontre avec les victimes lors de cette assemblée me semble être le meilleur moyen, douloureux, de prendre conscience."
Par ailleurs, l'évêque estime qu'en Europe les choses sont claires. En cas de soupçon d'abus sexuel, "la norme c'est de communiquer avec la justice".
>>Réécouter le Forum des médias, qui revient sur le débat qui s'ouvre dans l'Eglise catholique:
Propos recueillis par Mehmet Gultas
Adaptation web: Pascal Wassmer
"Des propositions pas assez concrètes"
Pour Jacques Nuoffer, président du groupe de soutien aux personnes abusées dans une relation d'autorité religieuse (SAPEC), les propositions du pape ne sont pas assez concrètes.
A peine revenu de Rome, il s'explique au 19h30: "On aurait aimé qu'il dise qu'il allait modifier le droit canon et obliger la dénonciation à la justice civile (...) Le pape demande une plus grande sévérité, mais ce n'est pas suffisant à nos yeux. Il faut vraiment qu'il y ait une tolérance zéro aussi bien pour les personnes qui agressent que pour les prélats qui ne dénoncent pas."
Interrogé sur la situation en Suisse, Jacques Nuoffer estime qu'il y a encore "beaucoup à faire" mais confirme certaines améliorations: "Depuis 2002, les évêques suisses se sont préoccupés de ce problème. Ils ont créé un comité d'experts ou encore éditer des directives (...) Actuellement, s'il y a un abus sexuel, la position de l'évêque Morerod est claire et impose la dénonciation directe à la police."