Après des années de lutte en vue de son éradication, l'annonce officielle de la fin du capricorne asiatique est intervenue mercredi à Marly (FR) en présence notamment du conseiller d'Etat Didier Castella, de la Direction des institutions, de l'agriculture et des forêts (DIAF).
Elle s'est accompagnée d'une visite sur le terrain sous la houlette du Service des forêts et de la faune.
Les coûts externes à la charge de l'Etat de Fribourg se montent à près de 2,4 millions de francs pour Marly, 234'380 francs pour Brünisried, soit un total de 2,62 millions. Une fois déduites les subventions fédérales, la somme nette pour le canton atteint 1,66 million.
Important foyer à Marly
Le capricorne asiatique colonise les arbres feuillus sains, pouvant leur infliger de sérieux dommages et causer leur mort. Le plus gros foyer en Suisse avait été découvert en 2014 à Marly.
Des mesures importantes ont alors été déployées par le canton, avec la commune de Marly, l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) et l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL). Elles ont impliqué l'abattage de nombreux arbres et des contrôles intensifs.
Ils se sont révélés extrêmement efficaces, dans la mesure où plus aucune trace n'a été observée depuis 2014.
Autre foyer lié
Un autre autre foyer, plus petit, avait été découvert à Brünisried en 2011 et éradiqué à fin 2017. Il est apparu en 2014 que ce foyer était lié à Marly, sachant que du bois contaminé avait été déplacé de Marly vers Brünisried, avant que les foyers ne soient connus.
La Confédération impose de maintenir un contrôle intensif pendant quatre ans sans nouvelles découvertes. Ce délai écoulé, il est possible de déclarer un foyer comme éradiqué comme c'est le cas à Marly et à Brünisried.
ats/nk
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Le combat inégal contre les espèces envahissantes en Suisse
Lors du dernier recensement daté de 2006, la Suisse dénombrait 107 espèces envahissantes. Sa réactualisation est en cours, et elle promet de s’afficher à la hausse. Car les éradications sont rares, et de nouvelles espèces végétales et animales exotiques continuent d’arriver par le commerce et par les voyages. Elles préoccupent les autorités parce qu’elles menacent la biodiversité, supplantent la faune et la flore indigène, modifient l’écosystème, et dans le pire des cas, apportent des maladies aux plantes ou aux humains.
Contenir l’expansion
Parmi les espèces végétales les plus problématiques, la renouée du Japon supplante la végétation naturelle et se répand très facilement grâce à ses rhizomes très profonds, et par le transport des rivières. Tout comme pour l’ambroisie, le solidage américain, ou l’impatiente glanduleuse, une éradication n’est plus envisagée. Le combat est quasiment perdu. Aujourd’hui, les cantons s’efforcent uniquement de contenir leur expansion.
Dans le règne animal également, certaines espèces semblent définitivement établies ici. Le canton de Vaud cite la coccinelle asiatique qui n’a pas fait l’objet de mesure immédiate d’éradication. Comme il s’agit d’un insecte volant, l’éliminer serait très difficile techniquement. Dans le cas de l’écrevisse signal, porteuse d’un pathogène qui menace l’écrevisse indigène à pattes blanches, la lutte consiste à la confiner là où elle se trouve, en érigeant des barrières à écrevisses dans les rivières.
Genève a éradiqué une plante aquatique
Mais la lutte n’est pas vaine. A condition de s’y prendre rapidement, elle peut réussir. A titre d’exemple, le Jura surveille de près certains ravageurs forestiers qui n’ont pas encore fait leur apparition dans le canton : le capricorne asiatique, ou l’aliante (une espèce d’arbre invasive). Genève est récemment parvenu à éradiquer la jussie des marais, une plante aquatique.
Avec les cantons, la Confédération met en œuvre une stratégie élaborée en 2016. La lutte coûte cher. Pour les seuls sites d’importance nationale, l’office fédéral de l’environnement évalue les montants engagés à 130 millions de francs par an.
Laurent Dufour