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Pas de manifestation anti-WEF à Genève

Genève ne veut pas voir ce genre de scènes dans ses murs.
Genève ne veut pas voir ce genre de scènes dans ses murs.
Le Conseil d'Etat genevois a décidé d'interdire la manifestation anti-WEF du 31 janvier. Selon lui, les garanties données par les organisateurs sont insuffisantes et des personnes ont exprimé leur volonté de se rendre à Genève pour en découdre.

"Nous ne sommes pas face à un mouvement populaire, mais face à
un groupement de gens qui entend délibérément venir ici pour
casser", a déclaré mercredi devant la presse le conseiller d'Etat
Laurent Moutinot, responsable du Département des institutions
(DI).

Police sur le pied de guerre

La police genevoise a rendu un préavis défavorable à
l'autorisation de la manifestation. Elle estime qu'une interdiction
lui facilitera la tâche le jour venu. Les éléments perturbateurs ne
pourront pas se cacher au milieu de protestataires
pacifiques.



L'interdiction du rassemblement contre le World Economic Forum
(WEF) de Davos n'empêchera pas la mobilisation des forces de
l'ordre. «Le dispositif va engager toutes les ressources de la
police», a relevé le commandant de la gendarmerie genevoise
Christian Cudré-Mauroux.



Les Genevois bénéficieront en plus de l'appui de policiers du
reste de la Suisse. Les forces de l'ordre françaises des
départements de l'Ain et de la Haute-Savoie seront également
appelées à collaborer étroitement avec leurs collègues
helvètes.

Eviter les «black block»

La police genevoise craint surtout la venue à Genève de «black
block» en provenance d'outre-Sarine. En Suisse, ces groupuscules
violents éphémères sont capables de rassembler environ 1000
personnes, a estimé Ch.Cudré-Mauroux.



Interdire une manifestation est rare. Généralement, l'autorisation
est de mise. Mais dans cette affaire, Laurent Moutinot a clairement
déclaré avoir eu l'impression «de prendre une mesure contre un
rassemblement de casseurs».



La mobilisation pour cette manifestation contre le WEF se fait
essentiellement en Suisse alémanique, très peu en Suisse romande.
Selon Laurent Moutinot, les «black block» proposent même des
billets de train à prix réduit pour se rendre à Genève.

Craintes des partis

L'annonce d'un rassemblement national anti-WEF à Genève a
suscité de nombreuses réactions politiques. L'UDC, les libéraux, le
PDC et le MCG ont milité pour l'interdiction de la manifestation,
alors que les radicaux voulaient un encadrement strict du
défilé.



A gauche, en pleine année électorale, aucun grand parti n'a pris
le risque de soutenir ouvertement la manifestation. Le mouvement
solidaritéS, pourtant proche des milieux anti-WEF, a même
clairement pris ses distances avec les organisateurs.



A Genève, le souvenir des débordements qui s'étaient produits en
2003 lors des manifestations contre le G8 est encore vivace. La
tenue d'un rassemblement anti-WEF a naturellement suscité certaines
craintes de revivre des affrontements entre policiers et casseurs.
L'an dernier, la Ville de Berne avait également interdit une
manifestation anti-WEF dans les rues de la capitale. Plusieurs
centaines de personnes avaient néanmoins défilé et quelques heurts
avaient éclaté entre manifestants et unités anti-émeutes.



ats/bri

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Décision saluée

«Il n'y a à première vue pas de raisons de penser que l'interdiction de la manifestation soit abusive», a relevé le président du parti socialiste genevois (PSG) René Longet. La position du Conseil d'Etat «semble raisonnable».

A droite, les radicaux ont également salué la décision du Conseil d'Etat, estimant que l'exécutif avait agi «avec sagesse et proportionnalité». Selon eux, les organisateurs n'ont pas été capables de garantir l'exclusion de tout recours à la violence.