S'exprimant mercredi lors de son audience hebdomadaire, le pape
a déclaré que la tentative par les nazis d'exterminer les juifs
devait continuer à servir d'»avertissement pour tous face au déni
et au réductionnisme».
Le Britannique Richard Williamson, l'un des quatre évêques
traditionalistes réhabilités la semaine dernière, a nié l'ampleur
de l'Holocauste et l'existence des chambres à gaz. Ses propos ont
provoqué de vives protestations de la part des organisations juives
mondiales et des catholiques progressistes.
«Avertissement face au déni»
Rappelant sa visite au camp d'extermination d'Auschwitz en 2006,
Benoît XVI a condamné «le massacre impitoyable de millions de
juifs, victimes innocentes de la haine raciale et religieuse
aveugle».
«Alors que je renouvelle avec affection l'expression de ma
solidarité totale et incontestable avec nos frères (juifs),
j'espère que le souvenir de la Shoah incitera l'humanité à
réfléchir au pouvoir imprévisible de la haine quand elle conquiert
le coeur de l'homme», a-t-il ajouté.
«Nécessaire et bienvenue»
La déclaration du pape était «nécessaire et bienvenue», a réagi
Riccardo Di Segni, grand rabbin de Rome, cité par l'agence Ansa.
Elle «contribue à clarifier des (propos) équivoques aussi bien sur
le négationnisme que sur le respect du Concile Vatican II», a-t-il
dit.
Benoît XVI a aussi demandé aux quatre évêques intégristes dont il
a annulé l'excommunication de reconnaître «l'autorité du pape et le
concile Vatican II», qui avait rompu avec une tradition chrétienne
attribuant aux juifs la mort du Christ.
Rétractation exigée
Dans une lettre au Vatican rendue publique mercredi, le Grand
rabbinat d'Israël écrit que le dialogue avec les catholiques ne
pourra se poursuivre «sans des excuses publiques et une
rétractation de l'évêque Williamson». L'instance religieuse
israélienne ajoute qu'elle ne participerait pas à une réunion
interreligieuse prévue en mars «si cette question n'est pas
résolue».
ats/cht
Prélat sanctionné
Le supérieur général de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X avait de son côté présenté mardi des excuses au pape pour les propos tenus par l'une de ses figures de proue.
L'évêque Bernard Fellay a dit avoir sanctionné le prélat négationniste et lui avoir ordonné de ne plus s'exprimer à nouveau en public sur des questions politiques ou historiques.
Les évêques allemands et les évêques suisses se sont eux distanciés de la décision du Vatican de réhabiliter Mgr Richard Williamson.
Les prélats helvétiques ont appelé la Fraternité Saint Pie X à adopter une «attitude positive envers le judaïsme».
«Miséricorde paternelle»
Le pape a promulgué samedi dernier le décret levant l'excommunication de Fellay, Williamson et de deux autres évêques de la fraternité fondée par le défunt évêque schismatique français Marcel Lefebvre.
Dans une déclaration séparée de celle soulignant sa solidarité avec les juifs, le pape a souligné mercredi que son geste de «miséricorde paternelle» envers les évêques intégristes excommuniés en 1988 par Jean Paul II s'inscrivait dans l'engagement de son pontificat à travailler à l'unité de tous les chrétiens.