La rencontre a eu lieu en fin de matinée entre le pape et deux victimes - un homme et une femme - d'abus sexuels commis dans le contexte ecclésiastique. Elles étaient accompagnées par l'auteur de l'initiative sur la réparation, Guido Fluri, indique samedi soir la Fondation qui porte son nom.
"Je demande pardon à chacun d'entre vous", a dit François aux deux victimes qui venaient de lui raconter leur expérience traumatisante. L'homme, aujourd'hui âgé de 63 ans, affirme avoir été battu et abusé sexuellement à plusieurs reprises par des moines dans une maison de correction à Bad Knutwil (LU) alors qu'il était adolescent. La femme de 74 ans a été victime de violences et d'abus sexuels dans un foyer pour enfants à Malters (LU), géré par des religieuses catholiques.
"Fin de la culture de la dissimulation"
Ceux qui maltraitent des enfants représentent un danger pour la société et doivent être jugés devant des tribunaux laïcs, a affirmé le pape argentin, toujours selon le communiqué de la Fondation Guido Fluri. La culture de la dissimulation est terminée, a-t-il ajouté, se positionnant en faveur d'une tolérance zéro - sans réserve.
Après la rencontre, Guido Fluri s'est montré optimiste. Ces propos sont importants, a avancé le représentant des victimes. Cela veut dire que l'Eglise reconnaît pleinement les grandes souffrances qui ont été infligées. Mais ces paroles "doivent être suivies d'actes - pour les victimes suisses et celles du monde entier", a insisté Guido Fluri.
Après un sommet historique
Cette rencontre entre le Pape François et la délégation suisse s'est tenue une semaine après un sommet historique sur la lutte contre la pédophilie. Lors de ce sommet, le souverain pontife a une fois de plus promis que l'Eglise catholique prendrait des mesures sévères contre les abus sexuels et mettrait fin à leur dissimulation - mais sans nommer les conséquences concrètes de cette crise qui dure depuis des décennies.
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ats/kkub
Réparations pour des milliers d'enfants placés en Suisse
Fin 2014, Guido Fluri, un entrepreneur de Soleure, a lancé l'initiative sur la réparation, qui demandait 500 millions de francs pour les enfants placés et autres victimes de mesures de coercition. Moins de deux ans plus tard, le Parlement a approuvé un contre-projet indirect doté d'une enveloppe de 300 millions de francs pour le paiement des contributions de solidarité. Environ 9000 personnes ont soumis une demande.
Des mesures de coercition à des fins d'assistance ont été ordonnées en Suisse jusqu'en 1981. Des dizaines de milliers d'enfants et de jeunes gens ont été engagés dans des fermes ou placés dans des foyers et nombre d'entre eux ont été maltraités ou abusés. Des personnes ont ainsi été stérilisées de force, utilisées pour des tests de médicaments ou internées sans jugement, parce que leur mode de vie ne correspondait pas aux conceptions des autorités.