Depuis l'arrestation d'Hannibal Kadhafi et de son épouse, les
relations entre Berne et Tripoli sont gelées et deux hommes
d'affaires suisses toujours retenus en Libye. Le 15 juillet
dernier, le couple avait été interpellé dans un hôtel genevois,
menottes aux poignets, par une vingtaine de policiers, suite à une
plainte de deux domestiques pour maltraitance.
La Libye, qui estime que les conventions de Vienne sur les
relations consulaires ont été violées dans cette affaire, va
intenter un procès civil devant le tribunal de première instance de
Genève. La plainte devrait être transmise dans deux à trois
semaines.
Contacté par la TSR dimanche, le DFAE a refusé de commenter
l'information. Le Département de Micheline Calmy-Rey a simplement
précisé avoir toujours privilégié la négociation dans cette
affaire.
Rapprochement avorté
La tentative de Micheline Calmy-Rey de trouver un compromis pour
résoudre la crise avec un autre fils du colonel Kadhafi, Saif
al-Islam, en marge du World Economic Forum (WEF) le 28 janvier
restera sans effet.
Les discussions avaient pourtant débouché sur un document dans
lequel la Suisse présentait ses excuses à la Libye. «La Suisse
regrette que les circonstances de l'arrestation de M. et Mme
Kadhafi ait été perçue comme une offense par son excellence le
Colonel Kadhafi et aient affecté les bonnes relations entre les
deux pays», expliquait ce mémorandum. La Suisse admettait que le
comportement des policiers genevois avait été «inutile et
inapproprié».
A l'issue des négociations de Davos, Saif al-Islam, qui représente
la branche «occidentale» de la famille Kadhafi, avait précisé qu'il
n'était qu'un messager et que la conclusion d'un accord dépendait
de son père. Intraitable, ce dernier finira par s'opposer à la
signature du document.
Pour la Libye, l'arrestation d'Hannibal était une «erreur» durant
laquelle l'attitude de la police fut «inacceptable». Tripoli exige
de la Suisse et des autorités genevoises des excuses officielles.
«Nous voulons aussi des sanctions contre les responsables», avait
prévenu Saif al-Islam Kadhafi en janvier.
Tsrinfo/Sébastien Bourquin