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Exportations d'armes: le National défend l'industrie

Des activistes du GSsA manifestent sur la Place fédérale contre les exportations.
Des activistes du GSsA manifestent sur la Place fédérale contre les exportations.
Le Conseil national n'est pas parvenu à mener à terme mardi le débat sur l'initiative populaire "pour l'interdiction d'exporter du matériel de guerre". Trois heures n'ont pas suffi pour épuiser la liste d'une trentaine d'orateurs.

Il ne fait toutefois aucun doute que cette initiative du Groupe
pour une Suisse sans armée (GSsA) sera rejetée, car elle n'est
soutenue que par la gauche et les fronts sont déjà figés. Le débat
doit reprendre jeudi matin. C'est là que la décision tombera.



"La Suisse sabote sa propre politique de paix. On ne peut pas
s'engager pour résoudre des conflits et dans le même temps livrer
des armes pour mettre le feu aux poudres", a plaidé Josef Lang
(Verts/ZG). Et le ténor du GSsA de rappeler que l'industrie
helvétique a exporté en 2008 du matériel de guerre pour 720
millions de francs, un record.

Collaboration dénoncée

Pire, c'est vers l'Etat "le plus dangereux du monde" que la
Suisse s'est massivement tournée en livrant des armes au Pakistan,
une puissance nucléaire, à hauteur de plus de 460 millions. La
gauche a également dénoncé les exportations vers l'Inde, l'Arabie
Saoudite et les pays du Proche-Orient.



Elle n'a pas manqué non plus de revenir sur la polémique de la
vente d'un avion Pilatus au Tchad. L'engin avait ensuite été armée
et utilisé au Darfour. Pour éviter que la Suisse participe au
"commerce de la mort dans le monde", le camp rose-vert juge donc
nécessaire d'interdire l'exportation et le transit de matériel de
guerre, de biens militaires spécifiques (comme les avions
d'entraînement ou les simulateurs) ainsi que des biens immatériels
qui y sont liés.



L'initiative prohiberait aussi le courtage et le commerce de ces
biens si leur destinataire est à l'étranger. En revanche, les armes
de chasse et les armes de sport, les appareils servant au déminage
humanitaire et les biens exportés temporairement par des autorités
suisses ne seraient pas soumis à l'interdiction.



ats/ap/mej

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La droite veut défendre les emplois

Les arguments de la gauche ont laissé la droite de marbre. Pas question de mettre l'économie et la sécurité de la Suisse en péril, ont répliqué de nombreux orateurs bourgeois.

L'industrie suisse de l'armement, faute d'être rentable, devrait mettre la clé sous le paillasson si l'initiative était acceptée, a estimé Peter Malama (PRL/BS) au nom de la commission.

Pas moins de 5000 à 10'000 emplois passeraient à la trappe. Les cantons les plus touchés seraient Berne, Lucerne, Nidwald et Zurich.

La droite, comme le Conseil fédéral, ne croit pas aux recettes de reconversion de l'initiative. Le texte prône une intervention de la Confédération pendant dix ans en faveur des régions et des travailleurs frappés par les interdictions.

Il en coûterait plus de 500 millions de francs, selon le gouvernement. Sans industrie indigène, l'armée suisse se retrouverait en outre en état de dépendance face à l'étranger pour assurer son armement. Et en cas de crise, elle risque de ne plus pouvoir s'approvisionner du tout, a fait valoir André Bugnon (UDC/VD).