"Il reste toujours beaucoup plus difficile pour les femmes que pour les hommes de faire carrière. Tous les chiffres le montrent", déplore Katja Gentinetta. Selon elle, les barrières qui se dressent sur la route des femmes qui veulent s'investir dans leur vie professionnelle sont encore nombreuses. Un grand nombre de paramètres doivent être réunis pour qu'elles y parviennent.
"Quand je parle avec d'autres femmes qui ont fait carrière, je remarque qu'elles ont souvent un conjoint qui les soutient fortement", précise notamment celle qui est membre de deux conseils d'administration et de l’Assemblée du CICR, "un conjoint qui n'a pas de problème avec l'idée d'une femme forte".
Seules des 'superfemmes' arrivent au sommet, et s'y retrouvent avec beaucoup d'hommes simplement 'normaux'.
Selon un rapport publié par l'Organisation internationale du travail, 70% des femmes aimeraient travailler, mais elles ne sont que 45% à avoir un emploi, contre plus de 70% du côté des hommes.
Faut-il instaurer des obligations pour les entreprises? "Si vous me posez la questions des quotas, je pense qu'ils sont un moyen simple d'arriver à une balance qui représente vraiment les compétences des uns et des autres, car actuellement, plusieurs mécaniques ne jouent pas en faveur des femmes", avance Katja Gentinetta. "Sans quotas, les femmes qui arrivent au top sont des 'superfemmes', des femmes exceptionnelles. Elles se retrouvent alors avec beaucoup d'hommes qui sont, eux, simplement normaux"!
Incitées à rester à la maison
La philosophe invite les femmes à se lancer, à essayer, à combattre une certaine tendance naturelle à se montrer hésitantes et à éviter de se présenter comme spécialistes. Selon une étude sortie cette semaine, elles sont en effet fortement sous-représentées dans les médias.
"J'aime bien cette expression de Christine Lagarde qui avait dit que les femmes sont comme un sachet de thé. Il faut les jeter dans l'eau, et on s'aperçoit qu'elles fonctionnent", glisse Katja Gentinetta, qui cite la directrice du Fonds monétaire international, mais aussi Doris Leuthard et Iris von Roten comme des modèles dans son parcours de vie.
L'ex-directrice adjointe d'Avenir Suisse (entre 2006 et 2011) déplore encore une fiscalité suisse qui désavantage les femmes et les incite à rester à la maison, notamment à cause d'une imposition qui pénalise les couples et du coût des places dans les crèches, un problème qui dissuade les femmes de retourner travailler.
>> Ecouter aussi le sujet d'On en parle sur le droit des femmes de faire grève
Propos recueillis par Chrystel Domenjoz
Adaptation web: Vincent Cherpillod