"On craignait le pire, on a vécu le meilleur", écrit le
Journal du Jura , pour qui "la
victoire est d'autant plus probante qu'inattendue". Même
satisfaction dans Le Matin : "tout était réuni pour que cela dérape.
Tous les malaises pouvaient s'additionner. Ça n'a pas été le cas et
le soulagement est immense. La fierté l'est aussi", écrit-il.
"A la tentation du repli et du protectionnisme, le peuple suisse a
préféré la garantie d'un régime éprouvé: la libre circulation des
personnes a fait ses preuves, et son extension à la Bulgarie et la
Roumanie ne perturbera pas les équilibres", renchérit La Liberté .
Eviter la "voie solitaire"
Outre-Sarine, la Neue Zürcher Zeitung voit dans ce vote un refus des
"expérimentations" politiques: "dans des temps économiquement
difficiles, les Suisses se sont clairement prononcés en faveur de
la poursuite de la libre-circulation des personnes avec leur plus
grand partenaire commercial". L'Express salue quant à lui "un oui
massif et réjouissant". "La Suisse avait tout à perdre à cette voie
solitaire qui l'attendait en cas de victoire du non", écrit-il. Et
d'estimer qu'"il est temps désormais d'aller plus loin". Seize ans
après le rejet de l'EEE, les Suisses "sont désormais bien
conscients que notre pays est bel et bien ancré dans l'Europe",
estime-t-il.
Quelques inquiétudes toutefois
D'autres journaux mettent en garde contre
tout excès d'europhilie. Pour Le Nouvelliste , de nombreux électeurs ont voté oui
"avec le sentiment de ne pas avoir de choix réel compte tenu de la
crise en cours. Ou même avec la certitude qu'il existe des chemins
qui mènent au succès économique sans forcément passer directement
par Bruxelles". Le Temps , lui, est plus inquiet. Le quotidien
reconnaît que, "vu les circonstances, ces presque 60% de oui
exprimés sur ce fond de crise globalisée et d'angoisse du lendemain
ont valeur de plébiscite pour la voie bilatérale". "Cette approche
manque certes de panache et de dimension idéale, elle fait bon
marché de la véritable souveraineté, mais au moins est-elle
susceptible d'obtenir un consensus", écrit-il.
Reste que ce vote survient "au moment même où la voie bilatérale
commence à peser à nos partenaires de l'UE et promet d'entrer dans
une période d'importantes turbulences". Il faudra donc "beaucoup de
sang-froid" pour y faire face, ajoute-t-il, critiquant au passage
"l'irresponsabilité" des Verts, qui ont remis dès dimanche soir la
question de l'adhésion à l'UE sur la table.
"Dans l'avenir proche, le Conseil fédéral devra faire preuve
d'unité et de solidité pour calmer le jeu" face aux pressions de
l'UE, renchérit L'Agefi . Et de rappeler que cette
semaine, "à une encablure du scrutin de dimanche, la Commission
européenne ne s'est pas privée de revenir à la charge avec la levée
du secret bancaire".
"Une claque pour l'UDC"
Plusieurs quotidiens soulignent toutefois que le vote de
dimanche renforce la position de la Suisse dans les négociations
face à Bruxelles. A l'inverse, les 59,6% de oui sonnent comme "une
vraie claque pour l'UDC" et sa "campagne haineuse et outrancière",
écrit L'Express. Ils sont "une réponse du peuple à l'excitation et
à l'alarmisme de la droite", renchérit le Tages-Anzeiger .
Pour la Berner Zeitung , "l'UDC est la grande perdante" du
scrutin. Ses revirements "lamentables" ont "agacé son aile
économique et elle doit maintenant resserrer les rangs", écrit le
quotidien bernois. Elle a perdu sa crédibilité en s'alignant sur sa
base anti-européenne, ajoute la Zürcher Landzeitung.
La Südostschweiz va plus loin. Pour
elle, l'UDC est en train de "perdre son latin". "Et dire que
l'économie suisse a misé, un temps, sur ce parti pour la défendre",
conclut La Liberté.
ats/sbo
La presse européenne applaudit
Le soulagement prédominait lundi dans la presse européenne après le résultat positif, à une nette majorité, de la votation fédérale sur la libre circulation.
«L'Europe ne fait plus peur», titre Die Welt. «Bien que la crise engendre du chauvinisme et des mesures de protectionnisme dans de nombreux pays d'Europe, la république des Alpes prend le chemin inverse», constate le quotiden allemand.
Comme dans les autres médias, non seulement le résultat étonne mais il suscite également du respect. Une «divine surprise», applaudit Libération. Avec ces 60% de «oui», la Suisse se fait ainsi «un peu européenne», soutient le journal français sur son site internet.
Ce vote montre que «les énormes intérêts économiques et commerciaux en jeu ont eu plus de poids que la peur à l'heure de voter», analyse pour sa part le quotidien espagnol El Pais.
«Contrairement à leur image isolationniste, par ce choix les Suisses se montrent comme des Européens dignes de confiance», commente Der Spiegel dans sa version online. «La propagande de la peur brandie par les opposants n'a pas fait effet parce qu'elle est usée depuis longtemps: depuis des dizaines d'années l'UDC invoque le déclin de la Suisse si elle se rapproche économiquement de l'Europe, mais cette menace n'a jamais été avérée».
En Italie, le Corriere della Sera, souligne toutefois que le «cri de protestation» du Tessin, canton qui a rejeté la libre circulation à plus de 65%, devra être pris en compte par les autorités.