Mandatée par le Conseil fédéral, la commission d'experts "Internements administratifs", présidée par l'ancien conseiller d'Etat zurichois Markus Notter, commence la diffusion de ses résultats avec un volume de portraits. Ce premier tome d’une série de dix publications est consacré aux personnes qui ont fait l’objet d’un internement administratif (lire encadré.)
La commission diffusera les neuf autres tomes d'ici septembre prochain et publiera alors un rapport de synthèse contenant des recommandations à l’intention du Conseil fédéral.
Il s'agit de montrer la manière dont ces personnes ont été traitées et comprendre ce problème, explique Anne-Françoise Praz, membre de la commission d'experts, lundi dans le 12h30.
Des pratiques inimaginables aujourd'hui
Et si les faits paraissent inimaginables aujourd'hui, "il faut se rendre compte que - depuis la fin des années 60 et les années 70 - il y a eu un changement très rapide, une ouverture, une plus grande tolérance à certains comportements", souligne cette professeure d’histoire à l’Université de Fribourg. "On a vraiment de la peine à comprendre ces pratiques aujourd'hui étant donné les transformations qui sont intervenues dans certains domaines dans notre société."
Ce travail est accompagné d'une exposition itinérante qui débute lundi à Berne. Elle fera halte ensuite dans différentes villes (notamment Bienne, Genève, Lausanne et Fribourg), durant une semaine, jusqu'au 3 juin. Des projections de films, des conférences et des discussions thématiques, ainsi que des visites guidées d’anciens établissements seront organisées parallèlement à l'exposition.
Matériel pédagogique à disposition des écoles
Le dernier moyen choisi par la commission pour réhabiliter durablement les victimes de placements forcés est l'enseignement. La Haute école pédagogique de Berne a développé plusieurs dossiers didactiques, en collaboration avec la CIE. Ce matériel pédagogique offre aux enseignants, de l’école primaire au gymnase, la possibilité de traiter la thématique de l’internement administratif avec leurs élèves.
ats/oang
Milliers d'enfants placés au fil des ans
Pendant des décennies et jusqu'en 1981, des milliers d'enfants et d'adolescents ont été placés dans des foyers ou ont dû travailler dans des fermes. Beaucoup d'entre eux ont été maltraités et abusés sexuellement.
De nombreuses personnes ont par ailleurs été incarcérées ou enfermées sans procès, sans avoir commis aucune infraction mais parce que leur mode de vie ne répondait pas aux attentes des autorités.
Certaines ont également été stérilisées de force pour des essais médicamenteux.
Requêtes d'indemnisation arrivées trop tard
Les anciens enfants placés avaient jusqu'à fin mars 2018 pour déposer une demande d'indemnisation. Depuis la fin du délai, 100 requêtes sont encore parvenues à la Confédération, mais seuls des cas exceptionnels seront acceptés.
Mais parmi ces demandes d'indemnisation retardataires, seuls les cas de demandeurs qui, involontairement, n'ont pas respecté le délai, seront traités par l'Office fédéral de la justice (OFJ). Cela concerne par exemple les personnes souffrant de graves troubles physiques ou psychiques.
Il y a un an, l'OFJ avait déjà fait savoir que la date butoir du dépôt pour une contribution de solidarité sociale ne serait pas prolongée.
Un fonds de 300 millions de francs a été alloué pour l'ensemble des indemnisations.