Cette réforme permet de définir plus clairement les missions
attribuées aux hôpitaux jurassiens et de supprimer les doublons.
L'objectif consiste à rendre les deux sites complémentaires dans un
environnement toujours plus concurrentiel. Les tendances dans la
santé vont vers une pression croissante sur les coûts.
Le plan hospitalier a été adopté par 46 voix contre 4. Parmi les
opposants figurent trois élus ajoulots (lire les réactions
ci-contre). Parallèlement, les députés ont approuvé à l'unanimité
un crédit de 8,5 millions de francs en faveur de la réalisation
d'un centre de compétences en rééducation sur le site bruntrutain
de l'Hôpital du Jura.
"C'est un grand jour"
«Aujourd'hui c'est un grand jour pour l'Hôpital du Jura comme
pour le système sanitaire du Jura», a déclaré le ministre de la
santé Philippe Receveur. «Ce qui nous motive, c'est le pari de la
diversification», a-t-il ajouté en affirmant qu'il ne s'agissait
pas d'un échange entre deux sites.
Porrentruy conserve un bloc opératoire mais seulement ouvert en
journée, ainsi qu'un service des urgences. Reste que l'hôpital de
Porrentruy a perdu ces dernières années sa maternité et son service
pédiatrique, deux services regroupés à Delémont. Une situation qui
a poussé un comité à lancer une initiative intitulée «Pour la
sécurité sanitaire».
Renforcer l'Hôpital du Jura
L'initiative demande le maintien de prestations actuelles de
médecine de proximité. Avec ce nouveau volet du plan hospitalier,
le gouvernement veut pérenniser l'Hôpital du Jura dans son rôle
d'établissement francophone de référence en soins aigus entre les
pôles de Bienne et de Bâle.
Aujourd'hui, il faut un bassin de population entre 100'000 et
150'000 habitants pour assurer le maintien d'un hôpital
généraliste. Le canton compte un peu moins de 70'000 habitants.
Avec le Jura bernois, la population passe à près de 120'000.
ats/ps
Des réticences en Ajoie
Même si le résultat du vote est sans équivoque, les débats ont été nourris. Plusieurs députés ont exprimé leur inquiétude quant à la sécurité sanitaire de la population ajoulote.
«L'hôpital de Porrentruy est mort», a déclaré le député Pierre-Olivier Cattin (PCSI). «Nous avons signé son acte de décès», a estimé le pédiatre ajoulot.
La majorité des élus ajoulots ne partagent pas cette analyse et ont apporté leur soutien à la réforme. «Il est indispensable de prendre rapidement des mesures ou nous condamnons à moyen terme l'Hôpital du Jura», a expliqué Michel Choffat (PDC), représentant des maires du district de Porrentruy.
Pour le ministre jurassien de la santé, ne rien faire au nom du souvenir, c'est courir à la catastrophe. «Nous ne laissons pas tomber l'Ajoie», a ajouté le ministre qui a donné des assurances aux députés inquiets.
Des mesures aussi pour les familles
Le Parlement jurassien a par ailleurs accepté mercredi sans opposition des mesures fiscales destinées à donner un «bol d'air» aux familles et aux entreprises.
Ces allégements permettent au Jura de se rapprocher de la fiscalité plus attractive d'autres cantons. La déduction pour enfant augmentera de 500 francs pour atteindre 5400 francs.
Des familles établies dans le Jura paient jusqu'à 40% de plus d'impôt que celles résidant dans d'autres cantons.
Le coût de cette mesure s'élèvera à 1,25 million de francs pour l'Etat et à quelque 900'000 francs pour les communes.
Autre signal en faveur du budget des ménages, l'introduction de l'adaptation automatique du renchérissement à l'indice suisse de la consommation. Avec la crise économique des années 90, le canton du Jura avait décidé de ne compenser le renchérissement que lorsqu'il dépassait 3%.
Parmi les modifications de la loi d'impôt figure également l'atténuation de la double imposition économique. Ces mesures entreront en vigueur encore cette année après la deuxième lecture.