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Les enlèvements d’enfants par un de leurs parents augmentent en Suisse

La Suisse a enregistré l'an dernier plus de 100 enlèvements d'enfants par un des parents, un record. [Depositphotos - BrianAJackson]
Quinze minutes - Enlèvement d'enfants par un parent, quelles sont les limites de la justice? / 15 minutes / 14 min. / le 16 mars 2019
La Suisse a enregistré l’an dernier une centaine d'enlèvements d’enfant par un de ses parents, un record. Ces situations s’expliquent en partie par le nombre grandissant de couples qui ont des attaches dans plusieurs pays.

Le chiffre d'enlèvements d'enfants par un parent en Suisse est en augmentation depuis dix ans. La rédaction de l'émission 15 Minutes a rencontré Yves, un père genevois qui a vécu une de ces situations.

"Je me suis séparé de mon épouse lorsque mes enfants avaient trois et cinq ans. Quelque temps après la séparation, mon fils m'a révélé que mon ex-compagne allait déménager à Singapour avec les enfants", explique ce banquier.

"Cela a engendré deux ans et demi de procédures aux tribunaux. Mais alors que l'on n'avait pas encore une décision finale pour son départ à Singapour, mon ancienne épouse est partie pour la Grèce en disant qu'il s'agissait de vacances. Un mois après, j'ai reçu un e-mail dans lequel elle me dit que les enfants habitent dorénavant en Grèce et que si je veux venir les voir je dois contacter son avocat."

"Dix mois que je ne les ai pas vus"

Pour Yves, cet événement a marqué le début d'une longue bataille juridique. Il a finalement obtenu le droit de rendre visite à ses enfants en Grèce et il s'est battu pour les faire venir en Suisse pour les vacances. Mais selon le père genevois, les choses se sont envenimées à ce moment-là: sa femme est alors partie pour le Zimbabwe.

"Mes enfants sont au Zimbabwe depuis huit mois. Ça fait dix mois que je ne les ai pas vus. Le seul contact que j'ai, c'est par Skype. Je tiens bon parce que je sais que je ne peux pas faire plus légalement", livre Yves.

Dans ce cas-là, les avocats ne peuvent pas faire grand-chose. En effet, le Zimbabwe n’a pas signé la convention de La Haye sur les enlèvements d'enfants.

Renouer le dialogue

Dans les cas où la justice est trop lente, la Confédération conseille aux parents de se tourner vers la médiation. C'est ce que propose le Service social international Suisse (SSI Suisse), qui est mandaté pour renouer le dialogue.

"Je peux vous raconter une situation où un père a enlevé deux fillettes de bas âge en Algérie. La mère a tout de suite compris qu'elle n'arriverait pas à les ramener en Suisse parce qu'il n'y avait pas de convention. Elle ne pouvait pas non plus obtenir la garde en Algérie parce que les juges algériens favorisent le père", explique Stephan Auerbach, médiateur au SSI Suisse.

"La mère a donc commencé des négociations et des médiations avec notre partenaire et avec la famille sur place. Les parents ont trouvé une solution très particulière: ils ont convenu que les fillettes rentreraient en alternance en Suisse et que le père garderait toujours l'une d'elles en Algérie comme monnaie d'échange. Pour nous, ce sont des bonnes solutions, même si elles sont très douloureuses pour la mère, parce qu'elles permettent aux enfants de garder le contact", assure Stephan Auerbach.

Pauline Rappaz/gma

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