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Les médecins fermeront boutique le 1er avril

La nouvelle grille des tarifs d'analyse inquiète les praticiens concernés.
Au centre du conflit, les analyses médicales faites en laboratoire.
Les cabinets de médecins resteront fermés le 1er avril. La Société suisse de médecine générale (SSMG) a décidé d'un "plan d'action" ce jour-là. Parallèlement, la fronde contre la décision de baisser les tarifs des analyses en laboratoire gagne le Parlement.

Réuni jeudi à Zurich, le comité central de la SSMG propose aux
sections cantonales d'organiser une marche de protestation dans les
chef-lieux. Il leur recommande de remettre une note de protestation
aux directeurs cantonaux de la santé, a indiqué Bernhard Stricker,
chargé de la communication de la SSMG.

Les Genevois en grève le 24 mars

Le 1er avril a été choisi parce que depuis 2006, c'est la
Journée suisse des médecins de famille, a-t-il précisé. Mercredi
soir, l'Association des médecins du canton de Genève (AMG) a de son
côté décidé de faire grève le mardi 24 mars déjà.



Les Vaudois pourraient faire de même, leur décision est attendue
la semaine prochaine. L'AMG maintient la date du 24 mars, explique
le secrétaire général Paul-Olivier Vallotton.



Contrairement à la grève du 1er avril, qui concerne les
généralistes, l'appel à l'embrayage genevois est lancé à l'ensemble
des médecins du canton. Il s'agit de montrer que le secteur entier
est mis sous pression. Dans les deux cas, les cabinets resteront
fermés mais les urgences restent assurées.



Les médecins s'insurgent contre la baisse des tarifs des analyses
de laboratoire imposée par la Confédération. L'annonce fin janvier
par le ministre de la Santé de sa décision de revoir dès juillet la
structure tarifaire pour économiser à terme 200 millions de francs
par an a suscité une véritable levée de boucliers.

Les partis politiques s'en mêlent

Outre dans les milieux médicaux, la grogne est désormais
également vive parmi les politiques. Une alliance allant de l'UDC
aux Verts a demandé jeudi à Pascal Couchepin de suspendre cette
mesure. Des parlementaires UDC, socialiste, Vert, Vert-libéral et
démocrate-chrétien dénoncent une décision qui risque d'avoir des
conséquences nuisibles du point de vue tant économique que
sanitaire.



Les médecins se verront forcés d'abandonner leur laboratoire car
il leur coûtera trop cher. Ils ne pourront dès lors plus effectuer
comme aujourd'hui les examens sur place. La qualité et l'efficacité
des soins de premier recours en pâtiront car certaines maladies
doivent être diagnostiquées rapidement, a souligné la conseillère
nationale Thérèse Meyer (PDC/FR) devant la presse.



Les économies envisagées ne sont en outre pas avérées. Pire, la
centralisation des analyses dans de grands laboratoires entraînera
des surcoûts, selon l'UDC zurichois Toni Bortoluzzi, qui s'est
joint à l'alliance pour dénoncer le «non-sens» de telles
«interventions étatistes» dans le domaine de la santé.

Pascal Couchepin sur la sellette

Les parlementaires en veulent aussi à Pascal Couchepin d'avoir
passé outre l'opposition des médecins et d'avoir agi de manière peu
transparente. Ils lui demandent de revenir sur sa décision et de
faire en sorte que les médecins de famille puissent continuer de
pratiquer des analyses de routine dans leur cabinet.



Les coûts d'un laboratoire doivent pouvoir être couverts. Pour
qu'une solution acceptable soit trouvée, les bases sur lesquelles
ont été calculés les tarifs doivent être publiées. Les arguments
des médecins doivent être intégrés aux travaux ou contrés de
manière transparente et claire, a exigé Jacqueline Fehr
(PS/ZH).



Estimant que l'affaire ressemble trop à celle qui a conduit au
retrait de cinq médecines alternatives de la liste des prestations
remboursées par l'assurance maladie obligatoire, la conseillère
nationale estime qu'une commission de gestion doit intervenir. Et
de réclamer une enquête sur la procédure qui a conduit à la
décision de Pascal Couchepin.



ats/cer

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Compétences retirées aux médecins

Au centre du problème, la baisse des tarifs des analyses de laboratoire va poser des problèmes insolubles aux généralistes, selon l'Association des médecins du canton de Genève.

Les généralistes ne pourront plus effectuer comme aujourd'hui les examens sur place, car ils ne rentreront plus dans leurs frais. "On leur retire des compétences", a regretté il y a quelques jours Bertrand Buchs, vice-président de l'AMG.

Tout sera centralisé dans de grands laboratoires d'analyses. Le travail des médecins généralistes se résumera au final à signer des certificats médicaux.

La Confédération a imposé une baisse des tarifs des analyses de laboratoire dès le 1er juillet. L'objectif est de parvenir à économiser environ 200 millions de francs par année.

Pour Bernard Buchs, il s'agit d'une mesure qui n'a pas lieu d'être. "Il faut arrêter de démanteler la médecine", s'est insurgé Bernard Buchs, qui dénonce un rationnement des soins imposé par les assureurs maladie.

Pourtant, la population suisse avait voté contre il y a un an, en évoquant le refus du nouvel article constitutionnel sur l'assurance maladie.