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Le secret bancaire, star des éditoriaux du jour

C'est peut-être plus qu'une brèche qui a été ouverte sur sol américain.
C'est peut-être plus qu'une brèche qui a été ouverte sur sol américain.
La presse suisse ne donne pas cher des chances de survie du secret bancaire après l'accord entre l'UBS - dont le titre en bourse pique du nez - et les autorités américaines. Les pressions sur ce symbole de la place financière helvétique risquent désormais de devenir intenables, prédisent plusieurs journaux.

La transmission des noms de clients
ayant contourné le fisc américain avec l'aide de la grande banque
suisse représente un "coup de Trafalgar" pour le secret bancaire,
juge Le Temps . Ce dernier n'est plus
qu'un mythe, selon le Tages-Anzeiger , alors que pour la
Südostschweiz, il fait désormais partie de l'histoire après
les pressions sans précédent des Etats-Unis .

"Les pressions étaient fortes, elles vont devenir écrasantes",
estime Le Temps, en référence aux doléances que des pays européens
tels la France ou l'Allemagne vont désormais présenter afin
d'obtenir les mêmes concessions dont a bénéficié Washington.



Reste que "pour respecter la morale, l'Union européenne, si
prompte à donner des leçons, doit d'abord faire le ménage chez
elle, au Luxembourg, en Autriche, à Jersey et autres lieux
d'évasion fiscale. Une fois sa maison propre, elle pourra balayer
chez les autres", relève Le Nouvelliste.



Selon Le Temps, cette affaire ne tuera peut-être pas le secret
bancaire, elle risque néanmoins de balayer la distinction que la
Suisse entretient entre fraude et évasion fiscale.

"Dos au mur"

Le pire risque désormais d'arriver, prévient Le Quotidien Jurassien : le fisc américain tient le
couteau par le manche. Il ne va pas lâcher prise et exigera sans
doute encore des noms. Le journal sis à Delémont estime lui aussi
que les voisins européens ne vont pas se gêner de s'engouffrer dans
cette brèche ouverte dans le secret bancaire.



"L'ensemble de la place financière suisse est dos au mur", résume
la Neue Zürcher Zeitung. En contre-tendance, L'Agefi assure que le secret
bancaire reste "sain et sauf". Pour le journal économique et
financier, la décision de communiquer l'identité de clients montre
que ce dispositif "ne protège personne de la fraude fiscale".

Ospel montré du doigt

Si L'Agefi juge "scandaleuse" l'attitude des Etats-Unis qui ont
fait primer la "force sur le droit" dans cette affaire, la plupart
des titres dirigent leurs flèches contre l'UBS. En particulier
contre son ancien patron, Marcel Ospel, initiateur de la stratégie
de croissance agressive aux Etats-Unis.



"Prise en faute, l'UBS nous rend le plus mauvais service au plus
mauvais moment", déplore Le Quotidien Jurassien. Après une aide
publique et inconditionnelle de 68 milliards de francs ainsi que le
versement de plus de 2 milliards de bonus, "elle porte un coup qui
peut devenir fatal au secret bancaire tel qu'il existe". "Les Ospel
et consorts ont bien démérité de la patrie", assène le QJ.



"Paradoxalement, la banque aura davantage contribué à faire tomber
le secret bancaire que les mieux armés de ses pourfendeurs",
constate la Tribune de Genève , selon laquelle "les banques qui
prospéreront demain sont celles qui miseront dès aujourd'hui sur
d'autres atouts que le secret bancaire".



Pour La Liberté , si la Suisse a évité
une crise institutionnelle, sa finance ne sort pas grandie de cette
affaire. Elle a montré "sa vulnérabilité en menaçant de s'écrouler
comme un château de cartes dans les titubements d'un géant bancaire
surdimensionné". "UBS a pris une telle place dans ce pays que nous
sommes tous devenus ses otages", s'inquiète le titre
fribourgeois.

Ras-le-bol d'UBS!

Même observation dans Le Matin: "La Suisse est prise en otage.
Nos impôts ont servi à payer les bonus de la banque et, maintenant,
ils seront utilisés pour payer l'amende de 720 millions de dollars.
Total? Presque 6 milliards. C'est ce que la Confédération a versé.
Nous avons déjà payé la rançon". Et le quotidien orange de lâcher:
"On n'en peut plus d'UBS."



Le quotidien 24heures fustige, lui, la conduite des autorités
helvétiques: "La Confédération avait déjà payé 6 milliards pour
sauver la banque de sa mégalomanie. La voilà qui renie ses propres
principes pour absoudre des pratiques de voyous. C'est cher payé
pour une démarche qui risque fort de rester sans effet."



Le Journal du Jura met au clair: "La Suisse a foulé aux pieds les
règles de notre Etat de droit sous prétexte de sauvegarder la
stabilité du système financier helvétique. (...) en réalité, elle a
cédé à la raison du plus fort. Un point c'est tout."



ats/ps

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