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Drame de la Jungfrau: cérémonie mardi

La mort des six soldats à la Jungfrau bouleverse et intrigue
Un jour après l'accident, l'émotion reste vive
Un jour après l'avalanche qui a tué six soldats à la Jungfrau, la justice militaire s'occupe des interrogatoires et des examens. Les résultats de l'enquête sont attendus en octobre. Cérémonie du souvenir prévue mardi.

Le conseiller fédéral Samuel Schmid devrait prendre part à la
cérémonie prévue mardi 17 juillet à Andermatt. Les familles des
victimes qui le désirent y prendront part.

Le chef de l'armée s'excuse

L'une d'elle a par ailleurs émis des critiques: lors d'un
reportage diffusé vendredi dans le téléjournal de la Télévision
suisse romande (TSR), le père d'un des militaires a reproché à
l'armée sa lenteur lors de l'annonce du drame aux familles. Le chef
de l'armée, Christoph Keckeis, lui a répondu devant les caméras de
la TSR: «Je tiens à m'excuser auprès de ce papa. Nous voulions être
sûrs à 100% de nos informations» avant de contacter la famille,
a-t-il expliqué.



Christoph Keckeis a ajouté qu'il était convaincu du
professionnalisme de ses spécialistes sur place. Il part du
principe qu'ils ont agi «de manière responsable» et leur fait
entièrement confiance. Il a cependant rappelé qu'une enquête aurait
lieu pour faire la lumière sur cet accident.

Enquête ouverte vendredi

Au niveau de l'enquête, la justice militaire collabore
étroitement avec la police bernoise, l'Institut fédéral pour
l'étude de la neige et des avalanches (ENA) à Davos (GR) ainsi que
l'Institut de médecine légale de Berne, a indiqué Martin
Immenhauser, porte-parole de la justice militaire.



Vendredi matin, la justice militaire a ouvert une enquête en
complément de preuves contre inconnu. Il s'agit d'une procédure
habituelle en cas d'accident. Les résultats sont attendus pour le
mois d'octobre.



Les premiers éléments ont démontré que le groupe auquel
appartenaient les six militaires n'était pas équipé de détecteurs
de recherches en cas d'avalanche, a révélé vendredi Bruno Durrer,
médecin de secours dépêché la veille sur les lieux. Il a aussi
précisé que ce fait n'avait rien d'inhabituel en été.

Spécialistes de montagne nécessaires

Interrogé par la presse suisse, le commandant des troupes
spécialisées de montagne Andreas Bardill défend la raison d'être
des expéditions de ses hommes. Pour lui, l'armée a besoin de
soldats qui savent se déplacer en haute montagne, même si une
éventuelle guerre en Suisse ne saurait avoir lieu sur les
crêtes.



«Lors d'engagements sur des terrains difficiles, l'homme le plus
expérimenté du groupe porte la responsabilité technique. Cette
règle est valable tant pour les expéditions civiles que
militaires», a-t-il précisé.



Chaque armée travaille par principe sur des terrains difficiles.
Pour s'exercer dans les conditions d'une situation de crise, il
faut un environnement hostile, selon lui. Mais les militaires
spécialisés ne vont en revanche «en aucun cas» au-delà de leurs
limites, ajoute-t-il. «Nous évaluons les dangers et les risques de
la même manière que le font les alpinistes amateurs.»



Andreas Bardill n'entend pas minimiser l'accident tragique de la
Jungfrau mais «d'autres événements comparables se sont déjà
produits». Et de rappeler que lors de la Première Guerre mondiale,
des compagnies entières ont été englouties sous la neige.

Ambiance lourde

L'ambiance était pesante vendredi à la cabane du Mönch, d'où
sont parties les six victimes. Aucun des alpinistes présents n'a
entrepris l'ascension du sommet, a indiqué la gardienne de la
cabane, Heidi König. Personne n'est redescendu en plaine à cause de
l'accident mais certains des 35 alpinistes présents ont changé
leurs projets. Un groupe d'Espagnols qui voulait aller à la
Jungfrau est parti au Mönch.



ats/bri/tac

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Une ascension risquée?

Etait-ce opportun de lancer des militaires dans une telle ascension après de fortes précipitations et des rafales de vent ? La question est posée par quasi tous les quotidiens romands vendredi.

Le Temps rappelle que l'enquête devra déterminer les responsabilités humaines de ce grave accident. Le gardien de la cabane Rotta n'a-t-il pas affirmé qu'il était incompréhensible de tenter l'ascension de la Jungfrau dans ces conditions?

La Tribune de Genève se demande si une enquête sera réclamée à un expert indépendant de l'armée.

La Berner Zeitung s'interroge aussi, à travers Urs Wellauer, vice-président de l'association suisse des guides de montagne. Aux yeux de celui-ci, les recrues n'ont pas pris un risque disproportionné en partant ce jour-là.

Il se demande en revanche pourquoi les militaires se trouvaient encore à Rottal à 10 heures du matin. Selon le guide, en étant parti de la cabane à 5h, les cordés auraient déjà dû être sur le chemin du retour à ce moment-là. Cette heure tardive pourrait peut-être expliquer l'accident.

Le danger d'avalanches subsiste

Le danger d'avalanches reste accru en haute montagne. Il baisse toutefois continuellement avec le tassement de la neige fraîche, selon l'Institut fédéral pour l'étude de la neige et des avalanches à Davos.

Il ne s'agit pas de déconseiller toute course en montagne, a indiqué vendredi Thomas Stucki, de l'institut grison. Mais au cours du week-end, les alpinistes devront se montrer attentifs aux conditions locales d'enneigement avant de partir.

Le premier jour après de nouvelles chutes de neige est toujours le plus critique, explique Thomas Stucki. Si le soleil stabilise la neige sur le long terme, il produit plutôt l'effet inverse à court terme.