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Le National veut garder les armes à la maison

L'initiative de Chantal Galladé (PS/ZH) a été repoussée de justesse.
L'initiative de Chantal Galladé (PS/ZH) a été repoussée de justesse.
Dans un climat électrique, le National a de nouveau confirmé lundi son attachement au principe de la détention par les militaires de leur arme de service à domicile. Sur un score serré, il a enterré une initiative parlementaire de Chantal Galladé.

La socialiste zurichoise Chantal Galladé voulait obliger les
citoyens-soldats à déposer leur arme d'ordonnance à l'arsenal. Son
initiative parlementaire a été écartée Par le National, par 99 voix
contre 82 et 9 abstentions.

Le problème, c'est l'homme

"Cette initiative va trop loin", a lancé Yvan Perrin (UDC/NE).
"Nous devons cependant admettre que nous vivons dans un monde où
tous les citoyens ne sont plus dignes de la confiance que l'Etat
leur accorde en leur confiant une arme", a-t-il concédé.



De nombreux orateurs du camp bourgeois ont d'ailleurs plaidé pour
une meilleure évaluation de l'aptitude des militaires à conserver
une arme à la maison. "Le problème, ce n'est pas l'arme, c'est
l'homme", a résumé Andrea Geissbühler (UDC/BE).



"Que faudra-t-il qu'il se passe encore dans ce pays pour que le
Parlement décide enfin de désarmer les ménages suisses?", s'est
demandé Chantal Galladé. "Aurez-vous le courage de regarder dans
les yeux une mère qui a perdu son enfant à cause d'une arme de
service?", a-t-elle lancé à l'adresse des députés de la majorité de
droite.

Dialogue de sourds

La discussion a ensuite très vite tourné en un véritable
dialogue de sourds. "Il est inimaginable qu'un pays comme la Suisse
renonce à la légère à sa culture", a notamment déclaré Theophil
Pfister (UDC/SG) en évoquant la tradition de l'arme à la
maison.



A gauche, plusieurs intervenants ont évoqué la problématique des
drames familiaux pour renvoyer les fusils à l'arsenal. "La Suisse
possède de tristes records dans ce domaine", selon Bea Heim
(PS/SO). "Or c'est justement la disponibilité des armes à feu qui
permet le passage à l'acte", a estimé Daniel Jositsch (PS/ZH).
"C'est un moyen beaucoup plus facile par exemple que l'arme
blanche, qui suppose un contact physique avec sa victime", a-t-il
expliqué.



"Nous devons prendre des mesures", a renchéri Eric Voruz (PS/VD).
"Sinon, c'est le peuple qui tranchera", a-t-il menacé en parlant de
l'initiative populaire "pour la protection face à la violence des
armes" déposée en février.

Pétition rejetée

Le Conseil national a également refusé, par 109 voix contre 74,
de donner suite à une pétition intitulée "Non aux armes à feu à la
maison". La démarche émanait d'une école professionnelle zurichoise
que fréquentait une apprentie coiffeuse tuée en 2007 dans un
abribus à Höngg (ZH). Elle avait été prise pour cible par un soldat
qui venait de terminer son école de recrue.



Dans la foulée, la Chambre du peuple s'est aussi prononcée sur
douze interventions parlementaires. Elles les a toutes rejetées, à
deux notables exceptions près. Les députés ont dit oui du bout des
lèvres, par 92 voix contre 90 et 7 abstentions, à la création d'un
registre national des armes à feu et ils ont plébiscité une motion
UDC demandant des mesures contre la disparition des armes
d'ordonnance.



ats/dk

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Ueli Maurer propose des solutions

Pour sa première intervention devant le Conseil national, Ueli Maurer s'est quant à lui appuyé sur les récentes conclusions du groupe d'experts mis sur pied par son département.

Tout en rappelant la position de principe du gouvernement, favorable au maintien de l'arme à domicile, le conseiller fédéral a évoqué plusieurs pistes censées réduire les risques.

L'aptitude des militaires à se voir confier une arme pourrait être évaluée dès le recrutement. On pourrait ainsi renoncer à équiper les conscrits qui ont des antécédents judiciaires.

Ueli Maurer a aussi parlé du dépôt volontaire et gratuit des armes de service à l'arsenal, sur le modèle genevois. Cette option pourrait être généralisée.

Enfin, le ministre a évoqué un éventuel changement dans les règles liées à la conservation de l'arme d'ordonnance une fois son service militaire accompli.

"A l'avenir, cela pourrait être subordonné à l'obtention d'un permis de port d'arme", a-t-il lancé.