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"Les hooligans arrivent toujours à s'organiser pour faire ce qu'ils ont fait"

Markus Jungo, directeur de la plateforme de coordination police-sport. [Keystone - Lukas Lehmann]
Markus Jungo revient sur les débordements d'hooligans lors du match Sion-GC / La Matinale / 7 min. / le 19 mars 2019
Le match de football opposant Sion à Grasshopper a été arrêté samedi après que des supporters zurichois ont lancé des engins pyrotechniques sur la pelouse. Ces événements rappellent que la Suisse ne possède pas de loi spécifique contre le hooliganisme.

"Il y a plusieurs possibilités pour faire entrer ces engins dans les stades. C'est très difficile à détecter, ces personnes arrivent toujours à s'organiser si elles ont vraiment l'intention de faire ce qu'elles ont fait à Sion", regrette mardi Markus Jungo, responsable de la Plateforme de coordination policière sport (PCPS), dans La Matinale.

Fâchés de la tournure du match, les supporters zurichois ont lancé deux torches sur le terrain en première période. Ils ont recommencé en deuxième mi-temps: s'il n'y avait pas eu un filet de sécurité, des dizaines de torches auraient atteint la pelouse. Les joueurs de Grasshopper ont voulu discuter avec les supporters, mais certains ont eu des gestes très violents. L'arbitre a alors interrompu définitivement le match, mettant en avant la sécurité des joueurs.

Un concordat entre les cantons

"A l'intérieur du stade, les clubs sont responsables de la sécurité. Ils ont massivement investi dans la vidéosurveillance, mais il est très difficile d'identifier les auteurs. Ils sont souvent cagoulés et quand vous avez 50 ou 80 personnes qui sont habillées quasiment de la même façon, c'est compliqué", explique Markus Jungo.

La Suisse ne trouve pas de bonne solution, alors que la base de données sur les hooligans compte 1592 personnes, âgées entre 19 et 29 ans. Parmi elles, 1153 sont en lien avec le football et 499 avec le hockey sur glace. Si la Suisse ne possède pas de loi spécifique, un concordat entre certains cantons tente de gérer le problème du hooliganisme.

"Ce concordat est suffisant pour l'instant. Il y a les interdictions de stade, les interdictions de périmètre, et même la possibilité de donner une obligation de se présenter à la police locale avant, pendant et après les matchs", indique le responsable du PCPS, basé à Fribourg.

"Le football devrait être une fête"

"Cela fait deux ans que notre plateforme de coordination existe. Nous travaillons en étroite collaboration avec le monde du football et celui du hockey sur glace, mais aussi avec les partenaires comme les CFF. Tout le monde a l'intention de tirer à la même corde", assure Markus Jungo.

Selon le responsable du PCPS, une solution radicale existe. "Nous pourrions équiper les stades uniquement avec des places assises, mais ce seraient alors uniquement les gens aisés qui pourraient se permettre d'acheter des billets. Le football devrait être une fête. Il serait malheureux d'en arriver à ça."

Patrick Délétroz/gma

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La solution de Christian Constantin

Après les événements au stade de Tourbillon, le président du FC Sion Christian Constantin s'est montré favorable à une interdiction de déplacement pour les supporters adverses. "Tout a été tenté pour empêcher de tels incidents. En vain", a précisé le Valaisan.

"Les autorités peuvent interdire aux supporters de se déplacer, mais ils vont quand même le faire. Dans ce cas-là, les hooligans se déplaceraient individuellement et il serait très difficile de les arrêter. Cela pose problème à la police, qui doit empêcher ces personnes de rentrer dans les stades", estime quant à lui Markus Jungo.