Medbase lance son quatrième centre médical en Suisse romande, qui ouvrira ses portes le 1e avril à la gare de Lausanne. Il s'agit du 52e établissement de la filiale de Migros, qui comptabilise au total 1,8 million de consultations par année. Ces structures de santé en mains du géant de la grande distribution effraient certains médecins.
"Il s'agit d'un changement de paradigme. Actuellement, l'écrasante majorité des cabinets, soit 18'000 en Suisse, sont indépendants", explique Philippe Eggimann, président de la Société vaudoise de médecine (SVM) et de la Société médicale de la Suisse romande dans La Matinale de la RTS.
Doutes sur l'indépendance
Les avantages sont pourtant importants pour les professionnels de santé employés par Medbase. Salaire et horaires fixes, sans le poids de l'administration, avec la possibilité de discuter d'un cas avec d'autres spécialistes réunis sur le même lieu de travail.
Le problème est ailleurs, comme le relève la SVM dans sa revue de mars-avril. Si les médecins ne possèdent plus les infrastructures qu'ils utilisent, s'ils sont salariés, qu'en sera-t-il de leur liberté thérapeutique? Vont-ils multiplier les actes? Ou encore chercher à rentabiliser les installations de radiologie ou de laboratoire? "Quand un cabinet est aux mains d'investisseurs, la logique risque d'être économique, et non plus centrée sur la relation médecin-malade ou sur la qualité des soins", relève Philippe Eggimann. "La médecine est en train de devenir un marché comme un autre, une évolution relevée aussi dans les secteurs de la pharmacie et des soins dentaires", estime-t-il.
"Pas de sélection des risques"
Un investisseur se doit également de générer du profit pour ses actionnaires, souligne encore le représentant des médecins romands.
"Je peux comprendre ces craintes", répond de son côté le directeur général de Medbase Romandie Marc Cikes. "En ce qui nous concerne, nous n'exerçons aucune contrainte sur les médecins, qui bénéficient d'une liberté thérapeutique totale."
Medbase ne pratique pas non plus de sélection des risques, affirme le responsable, tous les patients sont acceptés. Et pas question de faire de l'argent à tout prix. "Migros est une coopérative: cela se ressent aussi dans notre culture, qui est de ne pas faire de pertes, mais pas non plus de maximiser notre profit", souligne Marc Cikes.
Une dizaine de centres Medbase en Romandie d'ici 2025
L'an dernier, Medbase a vu son chiffre d'affaires progresser de près de 8% pour atteindre 150 millions de francs. La puissance financière de Migros permet de viser des locaux dans des endroits stratégiques comme les centres urbains et les gares, ce qui n'est pas le cas des cabinets indépendants. D'ici 2025, Medbase a pour ambition d'ouvrir une dizaine de centres en Suisse romande.
Cléa Favre/kkub