Le comité, composé de membres de l'Union démocratique du centre
(UDC) et de l'Union démocratique fédérale (UDF), a réaffirmé ses
griefs à l'encontre d'une "accélération de l'islamisation rampante
de notre pays".
"Le minaret en tant qu'édifice n'a pas de caractère religieux
mais est le symbole d'un impérialisme", a ainsi déclaré le
conseiller national Walter Wobmann (UDC/SO) devant les médias.
Propos incisifs
Les initiants ont tous assuré que leur démarche ne visait pas
les musulmans de Suisse qui "ont toujours pu exercer leur religion
de manière parfaitement libre mais sans minaret". Mais les propos
restent incisifs. Dans des pays de tradition tolérante, comme les
Pays-Bas, l'intégration ne se fait plus, a critiqué Dominique
Baettig (UDC/JU).
Les fondamentalistes n'hésitent pas à lancer des menaces contre
les quelques esprits libres, caricaturistes et autres défenseurs de
la liberté d'expression, qui oseraient résister à une culture
religieuse "certes respectable, mais violente, archaïque, sexiste,
homophobe et ne séparant pas le politique du religieux", a ajouté
le conseiller national jurassien.
Sa collègue st-galloise Jasmin Hutter a entonné le même refrain au
nom de la défense des droits de la femme face à une charia qui
s'imposerait de plus en plus en Occident.
Une initiative anticonstitutionnelle?
L'ancien juge fédéral Giusep Nay a appelé le Parlement à ne pas
mettre le texte en votation populaire, le jugeant inapplicable et
en violation avec la liberté de religion. Une démarche critiquée
par Ulrich Schlüer (UDC/ZH), qui y voit un rejet du débat et de la
démocratie directe.
Selon l'ancien conseiller national zurichois, la liberté
religieuse ne pourrait être invoquée comme norme applicable à toute
l'humanité que si elle est globalement respectée, en premier lieu
par les pays islamiques.
Sans trancher cette question, plusieurs milieux ont tenu à
afficher sans attendre leur désapprobation à l'égard de
l'initiative. La Fédération des Eglises protestantes de Suisse juge
ce texte "inapproprié" et préfère miser sur l'intégration,
souligne-t-elle. Le PDC aussi a exprimé son refus d''interdire les
minarets.
agences/ps/dk
Texte décrié
Dès son lancement, ce texte, ainsi que les propos tenus par ses partisans, ont provoqué des remous. L'Organisation de la conférence islamique s'en ainsi est inquiétée. Le gouvernement n'a donc pas attendu pour afficher publiquement sa position.
"Il n'y a pas de doute que le Conseil fédéral invitera le peuple suisse et le Parlement à rejeter cette initiative", a fait savoir le président de la Confédération Pascal Couchepin via un communiqué de son département, diffusé juste avant la conférence de presse des initiants.
Les propos se veulent rassurants face à l'étranger. "Il ne s'agit pas d'une initiative du gouvernement ou du Parlement". Et bien que ce texte s'oppose à la construction de minarets, "il ne remet pas en question le droit de chaque personne de pratiquer la religion de son choix".
Pascal Couchepin rappelle que plusieurs membres du Conseil fédéral et cantons se sont déjà exprimés contre l'interdiction des minarets. La ministre des affaires étrangères Micheline Calmy-Rey s'était en outre interrogée sur la compatibilité de l'initiative avec la Constitution.
Soutien en Suisse alémanique
L'initiative populaire "contre la construction de minarets" a surtout reçu du soutien en Suisse alémanique.
L'idée y a d'ailleurs germé en pleine polémique autour de plusieurs projets de réalisation de tels édifices, comme à Wangen (SO) ou à Langenthal (BE).
La Suisse ne compte que deux minarets, flanqués à des mosquées à Genève et Zurich.