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Les extrémistes de droite ne se cachent plus en Suisse

Captures d'écran de profils Facebook d'extrémistes suisses. [SonnatgsBlick]
Les extrémistes de droite ne se cachent plus en Suisse / Le Journal horaire / 17 sec. / le 24 mars 2019
Le SonntagsBlick publie dimanche un reportage montrant à quel point les extrémistes de droite s'affichent publiquement en Suisse. L'hebdomadaire publie des photographies de xénophobes posant comme tels sur les réseaux sociaux.

Leurs tatouages laissent peu de place au doute sur leurs penchants politiques. Les symboles, drapeaux ou slogans qui les accompagnent non plus.

F.S., militant genevois d'extrême-droite, entretient des contacts étroits avec des néo-nazis français. Sur Facebook, il "like" des commentaires ironiques sur l'assassin de Christchurch. [SonntagsBlick - Capture d'écran de profil Facebook]
F.S., militant genevois d'extrême-droite, entretient des contacts étroits avec des néo-nazis français. Sur Facebook, il "like" des commentaires ironiques sur l'assassin de Christchurch. [SonntagsBlick - Capture d'écran de profil Facebook]

La droite extrême en Suisse est très décomplexée, comme le démontre l'article du SonntagsBlick.

Certains de ses représentants, à l'image du chef de la section de Bâle du parti national suisse – le PNOS, acronyme pour "Partei National Orientierter Schweizer" – ont même célébré l'attaque terroriste de Christchurch, perpétrée le 15 mars par un suprémaciste blanc, contre deux mosquées et qui a fait 50 morts et des dizaines de blessés. A propos du terroriste, il a écrit sous un faux nom: "Si plus de gens lui ressemblaient, nous aurions gagné et sauvé notre peuple".

>> Lire : Le terrorisme d'extrême droite derrière l'attentat de Christchurch

Une base juridique inadaptée

Selon le journal, les extrémistes suisses sont armés et prêts à recourir à la violence. Mais, contrairement aux islamistes, ils ne sont pas dans le viseur des autorités suisses: la loi interdit au Service de renseignement de la Confédération (SRC) de les surveiller suffisamment.

Par exemple, le SRC ne peut pas prendre des mesures de surveillance stricte contre des néonazis tatoués de croix gammées et posant avec des armes: ces personnes étant classées comme extrémistes violents et non pas comme terroristes. Une particularité suisse qui n'existe nulle part ailleurs: les autres pays ne faisant pas cette distinction.

Distinction entre terrorisme et violence

Le Bâlois S.K. le proclame, il est "parfois antisocial, toujours fasciste". [SonntagsBlick - Capture d'écran Facebook]
Le Bâlois S.K. le proclame, il est "parfois antisocial, toujours fasciste". [SonntagsBlick - Capture d'écran Facebook]

Concrètement, un islamiste armé qui s'enthousiasme sur les réseaux sociaux des exploits des milices de Daesh peut être mis sur écoute, voir son courrier et son ordinateur contrôlés, car ses actions sont classées comme terroristes. En revanche, un néo-nazi tatoué de croix gammées, posant avec une mitraillette et faisant l'apologie d'Anders Breivik, l'assassin d'Utoya, ne peut pas être surveillé par le SRC. Il est uniquement classé comme extrémiste violent.

Le SonntagsBlick le souligne: "Pour le gouvernement fédéral, un extrémiste de droite ne peut être un terroriste. Le fait que cette hypothèse soit une erreur fatale n'est devenu évident qu'avec le massacre de Christchurch". Et de conclure: "Il est à craindre que, même en Suisse, un activiste de droite actif sur internet vienne un jour à échanger son clavier contre un fusil d'assaut".

Stéphanie Jaquet et l'ats

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