Modifié

Mini-sommet pour défendre le secret bancaire

Secret bancaire: le point sur les possibilités qu'à la Suisse pour ne pas figurer sur la liste noire de l'Union Européenne
Secret bancaire: le point sur les possibilités qu'à la Suisse pour ne pas figurer sur la liste noire de l'Union Européenne - dimanche 8 mars, 19:30 Le journal / 19h30 / 2 min. / le 8 mars 2009
La Suisse, l'Autriche et le Luxembourg veulent défendre ensemble le secret bancaire. Les trois pays ont mis en garde dimanche contre toute tentative du G20 de les placer sur une "liste noire" des paradis fiscaux.

La Suisse, l'Autriche et le Luxembourg ont exigé d'être associés
à la discussion. «L'établissement de listes noires, sans que la
Suisse soit consultée, doit être évité (...). De telles pratiques
sont contre les habitudes en matière de diplomatie et de droit
international», a déclaré le président de la Confédération
Hans-Rudolf Merz dimanche soir lors d'une conférence de presse à
Luxembourg.



Le conseiller fédéral en charge des finances s'exprimait à l'issue
d'un "mini-sommet" avec son homologue autrichien Josef Pröll et le
ministre luxembourgeois du Trésor Luc Frieden.

Etre intégré dans le processus

"Le dialogue avec les organisations internationales compétentes
doit être lancé rapidement (..). Notre objectif est de demander à
être intégré dans le processus d'établissement des listes noires",
a ajouté Hans-Rudolf Merz.



Et Luc Frieden de lui faire écho: "Les débats au sujet du secret
bancaire sont menés dans des enceintes dont nous ne faisons pas
partie, comme par exemple le G20. Nous exigeons qu'on nous ouvre
les portes de ces débats pour voir comment est établie la liste des
paradis fiscaux", a-t-il dit, cité par l'AFP.



"Nous regrettons que certains pays parlent d'oasis fiscaux, sans
avoir mené de débats sur les critères définissant les paradis
fiscaux", a-t-il ajouté, critères qui selon les trois ministres ne
sont pas remplis dans le cas de la Suisse, du Luxembourg et de
l'Autriche.



Devant la presse, Hans-Rudolf Merz a répété que la Suisse "n'est
pas un paradis fiscal. Elle coopère" avec les instances étrangères,
a souligné le président de la Confédération. Dans un communiqué
diffusé dans la soirée, le DFF a relevé que les procédés
"unilatéraux mis en oeuvre par certains Etats du G20" sont
"inacceptables".

Mieux sanctionner la fraude fiscale

Hans-Rudolf Merz, Luc Frieden et Josef Pröll ont confirmé leur
volonté de mieux aider à sanctionner la fraude fiscale. "Nous
sommes prêts à dialoguer pour trouver des pistes communes afin de
renforcer la lutte contre les délits fiscaux", a dit Luc
Frieden.



Mais ils ont exclu d'abolir le secret bancaire. "Nous avons conclu
que les trois pays doivent se retrouver ensemble pour préserver la
sphère privée contre toute intrusion", a déclaré Hans-Rudolf Merz.
Son collègue autrichien a ajouté: "Le secret bancaire n'a rien à
voir avec la crise financière".



Les grandes puissances mondiales du G20, qui se réunissent le 2
avril à Londres pour tenter d'améliorer le fonctionnement et la
transparence du système financier international à la lumière de la
crise récente, veulent s'attaquer aux paradis fiscaux.

Menace française

La France a récemment laissé plané la menace de l'inscription de
la Suisse notamment sur une liste noire du G20. Et elle a critiqué
à plusieurs reprises le Luxembourg également qui, avec l'Autriche
et la Belgique, est l'un des trois pays de l'Union européenne (UE)
à pratiquer le secret bancaire. Paris et Berlin ont aussi proposé
en vue du sommet de Londres que les pays du G20 rompent les
conventions bilatérales avec les pays jugés "non
coopératifs".



agences/lan

Publié Modifié

Kaspar Villiger s'exprime

Des concessions de la Suisse en matière de secret bancaire peuvent aussi être dans l'intérêt des banques, explique dimanche le président désigné de l'UBS, Kaspar Villiger.

Dans la "SonntagsZeitung" et le "SonntagsBlick", Kaspar Villiger dit comprendre que la politique examine une extension de l'entraide administrative internationale en matière de délits fiscaux.

Comme conseiller fédéral, il avait certes défendu le secret bancaire, mais il l'avait aussi adapté.

Si la Suisse trouve des solutions acceptées sur le plan international, c'est fondamentalement bon pour l'UBS. Cela permet d'enlever une énorme pression, estime l'ancien ministre des finances radical.

En tant que nation exportatrice, la Suisse doit prendre les menaces au sérieux et éviter d'apparaître sur une liste noire. La place financière et l'industrie en souffriraient. Mais Kaspar Villiger relève aussi que l'UE a un solde créditeur de 25 milliards d'euros avec la Suisse dans le commerce extérieur. Par ailleurs, un million d'Européens travaillent en Suisse.

"Tout cela montre que celui qui nous punira, se punira lui-même", affirme Kaspar Villiger dans "Le Matin dimanche".

Le Lucernois n'a pas voulu commenter la position du Conseil fédéral, mais il salue la prise de conscience qu'il faut davantage de résistance. "Il y a des acteurs qui nous pointent du doigt, mais qui ne sont pas blancs comme neige".