La gauche s'est retrouvée seule à soutenir le texte visant à
interdire l'exportation d'armes. Selon elle, la Suisse mène une
politique totalement incohérente en s'engageant d'un côté pour
résoudre des conflits et de l'autre en livrant des armes à des pays
tels que le Pakistan, l'Inde, l'Arabie Saoudite, l'Egypte ou
Israël.
Le camp rose-vert tenu en échec
Le camp rose-vert n'a pas manqué non plus de revenir sur la
polémique de la vente d'un avion Pilatus au Tchad. L'engin avait
ensuite été armé par le régime de N'Djamena et utilisé au
Darfour.
Les attaques des socialistes et des Verts contre une industrie
d'armement en plein essor - les exportations ont atteint le montant
record de 720 millions de francs - sont restées vaines. Pour la
droite, il est exclu de mettre l'économie et la sécurité de la
Suisse en péril.
La droite s'inquiète
Avec toutes ces interdictions, l'industrie suisse de l'armement
devrait mettre la clé sous le paillasson, d'après elle. Pas moins
de 5000 à 10'000 emplois passeraient à la trappe. Les cantons les
plus touchés seraient Berne, Lucerne, Nidwald, Thurgovie et
Zurich.
Les partis bourgeois, comme le Conseil fédéral, ne croient pas aux
recettes de reconversion de l'initiative. Le texte prône une
intervention de la Confédération pendant dix ans en faveur des
régions et des travailleurs frappés par les interdictions. Il en
coûterait plus de 500 millions de francs, selon le
gouvernement.
Dépendance de l'armée en vue?
Sans industrie indigène, l'armée suisse se retrouverait en outre
en état de dépendance face à l'étranger pour assurer son armement.
Et en cas de crise, elle risque de ne plus pouvoir s'approvisionner
du tout, ont fait valoir les orateurs de droite.
Pour éviter les abus, le National juge suffisant le récent tour de
vis opéré par le Conseil fédéral (lire
ci-contre).
Le Conseil des Etats doit encore se prononcer sur le sujet avant
que l'initiative soit soumise en votation populaire.
ats/cer
L'initiative du GSsA dans le détail
L'initiative du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) veut interdire l'exportation et le transit de matériel de guerre, de biens militaires spécifiques (comme les avions d'entraînement ou les simulateurs) ainsi que des biens immatériels qui y sont liés.
Elle prohibe aussi le courtage et le commerce de ces biens si leur destinataire est à l'étranger.
En revanche, les armes de chasse et les armes de sport, les appareils servant au déminage humanitaire et les biens exportés temporairement par des autorités suisses ne seraient pas soumis à l'interdiction.
Un tour de vis a déjà été donné
Le Conseil fédéral a récemment donné un tour de vis dans le domaine des exportations d'armes.
Les exportations de matériel de guerre sont exclues si le pays de destination est impliqué dans un conflit armé interne ou international ou s'il viole systématiquement et gravement les droits de l'homme.
Pas de vente non plus aux Etats les moins avancés parmi les bénéficiaires de l'aide publique au développement ainsi que s'il y a de forts risques que les armes soient utilisées contre la population civile ou transmises à un destinataire final non souhaité.
Quant aux avions Pilatus, ils ne sont pas concernés par ces critères car ils sont soumis à la loi sur le contrôle des biens. Le gouvernement a néanmoins décidé de revoir ce texte.