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Les politiciens romands s'en prennent toujours davantage à la presse

La presse écrite payante intéresse de moins en moins les lecteurs. [Keystone - Christian Beutler]
La presse malmenée par les politiciens: interview de Bertil Cottier / Forum / 7 min. / le 28 mars 2019
Deux conseillers d'Etat romands, Jacqueline de Quattro et Christophe Darbellay, ont fait appel mercredi à la justice pour empêcher la parution de textes critiques à leur égard. Ces deux cas révèlent une tension accrue des élus face à la curiosité des médias.

Le Valaisan Christophe Darbellay a exigé des mesures provisionnelles contre la Weltwoche. L'élu PDC ne souhaite pas que l'on s'intéresse à son différend judiciaire aux Etats-Unis s'agissant de son enfant né hors mariage. Un enfant dont l'existence avait été révélée par l'élu lui-même dans la presse alémanique. Le Valaisan n'a pas hésité à menacer de plainte tous ceux qui souhaitaient publier quelque chose sur cette affaire, comme l'a constaté la RTS en enquêtant sur ce sujet.

La Vaudoise Jacqueline de Quattro a réussi elle à faire interdire provisoirement la publication du livre de l'ancien journaliste Fabien Dunand (lire: Jacqueline de Quattro saisit la justice et fait interdire un livre la concernant). Officiellement, le contenu du livre n'est pas en cause, l'édile ne l'a d'ailleurs pas encore lu. Ce qui pose problème, selon elle, c'est la couverture de l'ouvrage qui contient sa photo et son nom sans qu'elle n'y ait donné son autorisation.

Tribunaux saisis

D'autres conseillers d'Etat sont allés encore plus loin que ce type de demande de mesures provisionnelles, à savoir l'interdiction préalable d'un texte, en engageant une action au civil sur le fond des articles.

Le conseiller d'Etat vaudois Pascal Broulis s'estime victime d'une atteinte à l'honneur. Il cible l'éditeur Tamedia ainsi que le correspondant romand du Tages-Anzeiger, Philippe Reichen, qui avait questionné le statut fiscal de l'élu vaudois (lire: Pascal Broulis attaque un journaliste du Tages-Anzeiger en justice). Une séance de conciliation aura donc lieu le 9 avril. Selon les informations de la RTS, Pascal Broulis exige de supprimer les articles litigieux des archives, il veut des excuses publiques de l'éditeur ainsi que 75'000 francs de dommages et intérêts. Des exigences que refuse en bloc Tamedia.

A Genève, Pierre Maudet vise le même éditeur alémanique, mais sur un tout autre aspect. Le conseiller d'Etat se bat pour obtenir un droit de réponse à un article du même journaliste qui tentait de démontrer les pressions du clan Maudet sur les médias en pleine affaire d'Abu Dhabi. Des discussions entre Tamedia et le libéral-radical n'ont pas permis d'aboutir à un accord. Résultat: une audience aura lieu mardi devant le Tribunal de première instance de Genève.

Raphaël Leroy/vkiss

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