Le San Padre Pio, qui fait partie de la "flotte suisse de haute mer", est un navire-citerne construit en 2012 et dont la capacité de chargement maximale est d'environ 8000 tonnes, selon un rapport du Département fédéral de l'économie datant de 2016. Il est manoeuvré par un équipage ukrainien.
Depuis l'arraisonnement du bateau, une grande partie de son équipage a été libérée. Quatre officiers ukrainiens sont toutefois toujours à bord, a expliqué dimanche le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), en confirmant une information du journal dominical alémanique SonntagsZeitung. Ces quatre officiers patientent dans des conditions difficiles au large de Port Harcourt, au sud du Nigeria. De plus, le navire et son fret perdent constamment de la valeur. Les entreprises concernées subissent donc des dommages croissants.
Pour la Suisse, la confiscation du navire viole le droit. Ces derniers mois, de nombreuses mesures diplomatiques ont été prises pour obtenir la libération des officiers et du navire, sans succès jusqu'ici. Le Conseil fédéral a ainsi décidé que la Suisse devait défendre ses intérêts par "tous les moyens nécessaires". Elle envisage le dépôt d'une plainte auprès du Tribunal international du droit de la mer de l'ONU.
Soupçons de contrebande de carburants
Selon les informations de la SonntagsZeitung, le San Padre Pio a été arraisonné dans les eaux territoriales du Nigeria en janvier 2018 déjà, et n'a plus été autorisé à repartir depuis. Le vice-amiral nigérian Ibok-Ete Ibas a déclaré dans les médias locaux qu'il était accusé de trafic illégal, de violation du territoire et de contrebande de diesel. Le commandant de bord ukrainien, lui, aurait affirmé qu'il avait pourtant bien en sa possession les documents et les permis d'expédition nécessaires. Quant au propriétaire du navire, la compagnie maritime ABC Maritime, basée à Nyon (VD), elle reste silencieuse sur cette affaire.
Les intérêts financiers de la Suisse sont en jeu dans cette affaire, rappelle encore la SonntagsZeitung, car le navire-citerne a été financé par des garanties de la Confédération à hauteur de plusieurs millions d'euros. Or, si la compagnie maritime n'est plus en mesure de faire face à ses obligations d'amortissement en raison de l'absence de recettes provenant de l'exploitation du navire, c'est la Confédération qui devra payer, avec l'argent des contribuables.
Vincent Cherpillod avec ats