Après plus de quinze ans d'atermoiements sur le statut de la
police vaudoise, le Grand Conseil devait se prononcer mardi sur
deux décrets portant sur la police unique demandée par l'initiative
des gendarmes et le contre-projet appelé convention entre le canton
et les communes ou protocole d'accord.
Au-delà des problèmes de procédures qui ont agité la journée, le
débat a montré à quel point les opinions restaient tranchées sur
l'avenir de la police. Les partisans de l'initiative dite
d'Artagnan ont martelé leurs arguments: efficacité, simplification,
adaptation aux besoins nouveaux en matière de sécurité et fin de la
guéguerre des polices.
De bien grands mots
"Ne laissons pas le canton de Vaud pécloter dans des querelles
intestines", a lancé le socialiste Pierre Zwahlen. "Ne manquons pas
la chance de réformer" à la hauteur de ce qui se fait en Suisse et
en Europe, a-t-il poursuivi en fustigeant le protocole d'accord
proposé par les adversaires qui, selon lui, ne renouvellerait rien
en profondeur.
A l'opposé, les défenseurs de la convention ont affirmé que seule
une solution consensuelle, intégrant pleinement les communes, avait
une chance de réussir. Vouloir imposer une police unique, c'est
courir à l'échec et provoquer le traumatisme de l'ensemble des
forces de l'ordre. Le contrôle démocratique doit s'opérer au niveau
des autorités locales.
Le libéral Jacques Haldy a plaidé pour les communes et dénoncé "un
centralisme jacobin qui doit être écarté". La radicale Gloria Capt
est allée jusqu'à parler de "tentative de putsch" de la part des
gendarmes qui auraient oublié d'être "des serviteurs de
l'Etat".
Ces propos ont fait bondir, notamment la Verte Béatrice Métraux,
qui a jugé ces attaques "déplacées". Les gendarmes ont "osé secouer
le landernau politique". Elle a défendu une police souple, que l'on
puisse engager sur tout le territoire et qui bénéficie d'un seul
statut.
La question est encore loin d'être réglée
Les députés reprendront l'examen des projets de décrets mardi
prochain. Dans leur grande majorité, ils souhaitent que le peuple
puisse se prononcer, même si certains ont averti que l'acceptation
de l'initiative ne disait encore rien de l'application concrète,
sur le terrain, d'une police unique ou unifiée.
ats/jeh
De Quattro plaide pour le compromis
Face au déferlement d'arguments opposés, la conseillère d'Etat Jacqueline de Quattro s'est efforcée de montrer que seul le partenariat entre les différents acteurs pouvait se révéler fructueux.
"Le compromis est la règle" et la convention sur la réforme de l'organisation policière est "le meilleur équilibre possible".
Le protocole d'accord est le fruit de deux ans de travail intensif. Il représente des concessions de la part des communes avec, en particulier, l'instauration d'un commandement unifié.
Le projet est consensuel et fédérateur, a souligné la ministre. "Nous ne sommes pas centralisateur".
Il faut miser sur "la complémentarité, nous préférons proposer qu'imposer".