La Conférence des directeurs cantonaux de justice et police
planchait sur le dossier et entendait poursuivre ses travaux l'an
prochain. Mais la pression des parlements fédéraux et cantonaux
ainsi que l'affaire du meurtre d'une adolescente fribourgeoise en
Argovie lui ont fait presser le pas. «Nous avons pris conscience de
la nécessité d'agir vite, s'il le faut au niveau national», a
annoncé la conseillère d'Etat vaudoise Jacqueline De Quattro jeudi
devant la presse.
Obstacles du fédéralisme
Il y a des situations où il faut trouver un consensus pour
passer outre les difficultés liées au fédéralisme. Lors de leurs
discussions avec la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf,
les ministres cantonaux ont été unanimes à soutenir l'idée d'une
convention entre la Confédération et les cantons. Cette solution a
l'avantage de permettre d'agir plus vite que s'il fallait créer une
loi au niveau fédéral, selon Jacqueline De Quattro.
Il s'agit désormais de régler les détails du système d'alerte.
Inspiré des modèles français, américain et canadien, il devrait
dans un premier temps se concentrer uniquement sur les enlèvements
et non sur les simples disparitions. Il concernerait tous les
mineurs et pas seulement les enfants. Autre critère à remplir avant
que l'alerte ne soit donnée: l'intégrité physique ou la vie de la
victime doit être en danger.
Plusieurs canaux de diffusion
Les annonces devraient pouvoir se faire par plusieurs canaux:
radio télévision, panneaux d'affichages sur les autoroutes, SMS et
MMS, annonces dans les gares, les trains et autres lieux publics
fortement fréquentés. Il faudra trouver des partenaires qui
acceptent de collaborer, a noté la ministre vaudoise estimant
qu'une solution peut être trouvée avec la SSR.
Mais il ne s'agit pas seulement de diffuser rapidement et
efficacement une alerte, il faut aussi pouvoir traiter
l'information ensuite. Des centrales téléphoniques (»hotlines»)
devraient être mises sur pied, en principe une par région
linguistique. Les données devraient ensuite être traitées
rapidement et de manière professionnelle par des «back offices». Ce
qui permettra d'assurer une coordination entre cantons.
Enfin, le système ne devrait pas reposer sur le déclenchement
automatique des alertes. Il faut laisser aux polices une certaine
marge d'appréciation tactique, notamment pour éviter que
l'agresseur ne passe à l'acte, a expliqué Jacqueline Quattro.
ats/mej
Le mouvement s'est récemment accéléré
Les appels à la création rapide d'une alerte enlèvement n'ont cessé de se multiplier récemment.
Au niveau national, le Conseil des Etats a adopté par 38 voix contre 1 le 12 mars une motion de Didier Burkhalter (PRL/NE) invitant le Conseil fédéral de prendre le taureau par les cornes, quitte à forcer la main aux cantons.
Le Conseil national devrait suivre, sa commission préparatoire ayant soutenu ce texte à l'unanimité. Les cantons ne sont pas restés en retrait.
La Conférence latine des chefs des départements de justice et police a lancé un appel pour une action rapide. A la demande du Grand Conseil, le Conseil d'Etat fribourgeois a écrit au Conseil fédéral pour lui demander d'agir dans les meilleurs délais.
Les parlements de douze autres ont été saisis de demandes semblables ou vont l'être prochainement.