Les secours n'ont pas encore atteint les deux victimes, mais en
hélicoptère, un médecin a pu s'approcher à cinq mètres d'eux. En
raison de la position des corps dans la neige, il est certain que
les deux alpinistes, qui ne donnaient d'ailleurs pas signe de vie,
sont morts de froid, a déclaré le chef des secours de montagne Marc
Ziegler.
Les secours se refusent à donner l'âge et l'origine exacte des
deux victimes avant d'avoir récupéré les corps. Ils se sont bornés
à relever qu'il s'agissait d'alpinistes disposant d'une formation
solide.
Bloqués dans la descente
Selon le chef des opérations de secours de Grindelwald Kurt
Amacher, les deux jeunes ont commencé l'ascension de la face nord
dimanche matin par d'assez bonnes conditions météorologiques. Ils
ont bivouaqué le soir mais n'ont alors pas contacté leur famille
contrairement à ce qu'ils avaient annoncé.
Toujours sans nouvelle lundi soir, leurs proches ont déclenché
l'alerte. La station de secours de Grindelwald a été avertie à
22h00. Le temps était alors très mauvais et une sortie en
hélicoptère impensable. Les sauveteurs ont lancé une vaste
opération de recherche mardi après que le père de l'un des sportifs
eut réussi à établir un bref contact téléphonique avec son fils
vers 8h30.
Les deux jeunes ont annoncé se trouver à l'Eigerjoch, entre
l'Eiger et le Mönch. Ils avaient effectué l'ascension et étaient
bloqués dans leur descente.
Recherches impossibles
Les conditions météorologiques étant toujours aussi terribles et
le recours à un hélicoptère exclu, les secouristes sont montés en
train au Jungfraujoch et se sont fait emmener avec un véhicule des
pistes vers le Mönchsjoch. Il avait beaucoup neigé et un épais
brouillard enveloppait la région, par une température de moins 22
degrés.
Dans de telles conditions, des personnes sans skis de randonnée
ont besoin d'une demi-heure pour avancer de dix mètres, a relevé
Marc Ziegler. L'opération de recherche a été interrompue
l'après-midi. La première cordée de trois secouristes ne pouvait
tout simplement plus avancer et le danger d'avalanche était trop
grand.
Mercredi matin tôt, des sauveteurs en hélicoptère ont repéré les
deux alpinistes sur le flanc ouest de l'Eiger, à 3800 mètres
d'altitude. Un autre hélicoptère a amené un médecin sur place mais
un fort vent l'a empêché d'atterrir sur le sommet.
Les deux corps seront récupérés le plus rapidement possible, mais
les secouristes ne veulent prendre aucun risque. Les prévisions
météorologiques ne devraient pas s'améliorer d'ici jeudi, un vent
d'ouest tempétueux étant annoncé dans les Alpes.
ats/bri/sbo
Plus de 50 morts sur la face nord
Plus de 60 personnes ont déjà péri sur l'Eiger, dans l'Oberland bernois. La face nord a été particulièrement meurtrière: plus de 50 des victimes ont perdu la vie en tentant son ascension.
L'Eiger a été escaladé pour la première fois par son flanc ouest en 1858.
Au début des années 1930, le sommet était vaincu via des routes est et sud. En raison de chutes de roche et de glace, la face nord semblait en revanche inaccessible.
Dans les trois ans ayant précédé sa première ascension en 1938 par l'équipe germano-autrichienne d'Anderl Heckmair, Ludwig Vörg, Fritz Kasparek et Heinrich Harrer, pas moins de huit personnes ont payé de leur vie leur tentative pour vaincre la face nord.
En 1957, deux Italiens sont restés coincés sur cette face. L'un d'entre eux a pu être sauvé grâce à une échelle d'acier au sommet. Le corps de son compagnon n'a pu être récupéré que deux ans plus tard.
Mi-septembre 2000, un cordée de deux Britanniques a fait un plongeon fatal. Une équipe de télévision anglaise a filmé l'accident en direct.
Le flanc ouest de l'Eiger a également été le théâtre de nombreux accidents. En avril 2007, un alpiniste français a trouvé la mort en redescendant du sommet auquel il avait accédé par le nord.
Un Coréen avait subi un sort comparable en 1995. A l'est du sommet, la crête de Mittellegi a aussi fait un certain nombre de victimes. Une cordée de deux alpinistes a notamment payé de sa vie son ascension en septembre 2005.
Les deux décès de mardi sont les premiers de cette année. Une fois de plus, ce n'est pas l'ascension de la face nord, mais la descente par un autre flanc qui a coûté à la vie à des alpinistes.
Un skieur perd la vie en Valais
Un skieur espagnol de 41 ans est décédé mercredi, après avoir été emporté par une avalanche vendredi dernier dans la région du glacier de Boveire (VS). Il a succombé à ses blessures aux soins intensifs de l'hôpital de Sion.
Le skieur avait été pris dans une coulée alors qu'il pratiquait l'héliski accompagné d'un guide de haute montagne et d'un aspirant-guide, a rappelé mercredi la police cantonale valaisanne.
Les sauveteurs avaient été rapidement engagés. Le skieur avait été dégagé de la masse neigeuse, mais il était grièvement blessé.